Dynamique Océan

Impact des parcs éoliens en mer sur la dynamique des océans

Communiqué de presse de l’Institut HEREON, 21 février 2022https://www.hereon.de/about_us/helmholtz_research_field/earth_environment/news/104924/index.php.en

Un parc éolien en mer diminue la vitesse du vent. Sous le vent des éoliennes, des sillages dits atmosphériques se développent. Ils se caractérisent par une vitesse du vent réduite, des conditions de pression spécifiques, et une turbulence de l’air accrue. Dans des conditions atmosphériques stables, les déficits de vitesse du vent se propagent jusqu’à 70 km derrière les parcs éoliens.

Ces sillage sont suffisamment puissants pour rediriger les courants existants, entraînant une augmentation des températures moyennes et une modification de la salinité dans la zone du parc éolien.

Autre effet, le mélange turbulent à la surface de l’eau provoqué par le cisaillement du vent est réduit à des dizaines de kilomètres autour d’un parc éolien. La colonne d’eau est généralement stratifiée, ainsi une couche d’eau plus chaude peut se trouver au-dessus d’une couche d’eau froide. Les parcs éoliens perturbent cette stratification naturelle. En raison du mélange réduit, une stratification stabilisée de l’eau est favorisée. Ce phénomène est particulièrement marqué lors de la baisse de la stratification estivale. La stratification naturelle de l’eau est importante en été et diminue vers l’automne. Dans la zone des parcs éoliens, une stratification stabilisée en dehors de la variation saisonnière est mesurée.

Conséquences pour la mer du Nord : « La transformation des courants et des échanges air-mer est susceptible d’affecter la production de plancton et la structure du réseau trophique. »

Un échange modifié affecte potentiellement les conditions atmosphériques régionales et la dynamique des écosystèmes

Article original, 3 février 2022,  https://doi.org/10.3389/fmars.2022.818501

Et aussi, 3 juin 2021, https://www.nature.com/articles/s41598-021-91283-3


Turbidité en mer. Des panaches de plusieurs kilomètres de long et de 150 mètres de large au pied des éoliennes en mer du Nord. Un handicap supplémentaire pour la pêche.

Juin 2015

Depuis une dizaine d’années, les satellites ont repéré en mer du Nord des points blancs suivis de panaches marrons. Ces points sont en fait des éoliennes donnant naissance à des panaches de sédiments en suspension de plusieurs kilomètres de long.

Les images qui suivent ont été captées le 30 juin 2015 avec l’Imagerie terrestre opérationnelle (OLI) sur le satellite Landsat 8. Elles représentent les complexes éoliens en mer anglais de Thanet, London Array et Greater Gabbard au large de l’embouchure de la Tamise.

Ces trois images de la NASA révèlent les panaches de sédiments soulevés par les tourbillons générés par les courants des marées au pied des fondations des éoliennes en mer.

A chaque marée, ces panaches de sédiments se propagent sur plusieurs dizaine de kilomètres perturbant sévèrement la qualité de la colonne d’eau et par conséquence, la ressource halieutique de la zone.

De tels panaches turbides ne manqueraient pas de se produire en baie de Saint-Brieuc sur la zone du projet d’Ailes Marines située sur des fonds sédimentaires avec de forts courants de marée.

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Dans un article de 2014, des chercheurs ont analysé l’imagerie satellitaire et ont constaté que ces panaches peuvent mesurer de 30 à 150 mètres de large et jusqu’à plusieurs kilomètres de long.

« Le fait que les panaches soient plus marrons que les eaux environnantes montre qu’ils contiennent davantage de sédiments en suspension », a déclaré Quinten Vanhellemont, chercheur au Royal Belgian Institute of Natural Sciences et auteur principal du document de 2014. « Cela montre que l’implantation d’éoliennes en mer, modifie non seulement le champ de vent au-dessus de la surface de la mer (ce qui est attendu puisqu’ils extraient l’énergie éolienne), mais modifie également les courants et le transport de sédiments dans l’eau ».

Vanhellemont explique que les panaches sont générés par les courants de marées se déplaçant autour de la base de l’éolienne. La direction et la courbure des panaches dépendent de la direction générale du courant. Par exemple, l’image de London Array a été captée en marée montante, de sorte que les panaches suivent le courant vers le nord. Mais la marée dans cette zone se renverse toutes les six heures, « de sorte que les panaches sont très dynamiques au cours d’une journée ».
https://earthobservatory.nasa.gov/IOTD/view.php?id=89063