Réponses aux questions posées par Gardez les Caps aux candidats des élections départementales

Le 10 mars dernier, dans une lettre ouverte (http://gardezlescaps.org/questions-aux-candidats-aux-elections-departementales/) Gardez les Caps, se faisant le porte-parole de l’inquiétude des électeurs du littoral, a posé aux candidats des cantons du littoral, des questions concrètes sur la démocratie participative dans le contexte du projet de centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc.

Trois binômes nous ont répondu :
– Alain Hugues et Lisianne Rault, Europe Ecologie Les Verts, canton de Pleslin-Trigavou
– Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN, Centre et Droite républicaine, canton de Pléneuf-Val André
– Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON, divers Gauche, canton de Pléneuf-Val André

Gardez les Caps les remercie et retranscrit ci-dessous l’intégralité de leurs réponses. La réponse d’Alain Hugues et Lisianne Rault étant globale, nous sommes contraints de la faire figurer séparément. Nous nous permettons au passage, de leur rappeler que l’implantation envisagée n’est pas à « une vingtaine de kilomètres du littoral », mais à 16,2 km du Cap Fréhel et 17 km du cap d’Erquy, entre deux zones Natura 2000, sur un axe de migration, et que l’atterrage envisagé (4 câbles de 225 000 Volts) se situe sur la plage d’Erquy la plus fréquentée (Caroual).

GLC. Pensez-vous que le choix de la zone propice de 180 km2 en baie de St Brieuc aurait dû faire préalablement l’objet d’études d’impacts environnementaux et d’une concertation avec le public avant le choix par l’Etat d’un opérateur privé ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Plutôt d’accord », « Des études préalables ont déjà été réalisées. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Nous sommes tout à fait d’accord sur le fait que des études d’impacts environnementaux et d’une concertation avec le public avant le choix par l’Etat d’un opérateur privé. Cela se fait dans d’autres pays, dont l’Allemagne, et il est regrettable qu’en France les choses sont inversées. »

GLC. Avez-vous eu connaissance des fortes réticences qui ont entraîné l’abandon du projet en baie de St-Malo ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Non, nous sommes par contre à l’écoute d’informations sur ce projet abandonné en baie de Saint-Malo. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « J’ai (MRT) assisté à la réunion de la Conférence Régionale de la Mer où s’est décidé le choix de la baie de St Brieuc. René Couaneau, alors maire de St Malo, était intervenu pour demander que la baie de St Brieuc soit choisie, et non celle de St Malo. C’est le Préfet de Région de l’époque, Michel Cadot, qui a tranché en cours de réunion. Il n’y a pas eu de manifestations particulières. »

GLC. Pensez-vous que ce grand projet devrait faire l’objet d’un référendum local, selon les propos du Président de la République ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Plutôt d’accord », « Un référendum pourquoi pas, mais quel périmètre de participation, local, départemental, régional ? »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Les électeurs ne répondent jamais aux questions posées lors d’un référendum. Ce sont souvent des réponses politiques et des votes contre celui qui pose la question que l’on observe. Que le débat public soit organisé de manière plus démocratique pour des grands projets, ce serait nécessaire. »

GLC. Pensez-vous que les modifications annoncées par Ailes Marines et les inconnues persistantes sur les fondations et la localisation des 248 forages très profonds (30 à 40 m) devraient faire l’objet d’un nouveau débat public ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Plutôt pas d’accord », « A notre connaissance, l’évolution du projet ne justifie pas un nouveau débat public. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Il n’y a plus d’inconnues quant aux fondations puisque Ailes Marines a clairement annoncé que le système jacket restait d’actualité. Il est regrettable que les modifications interviennent après le débat public, mais elles ne remettent pas en cause massivement le projet. Il y aura d’ailleurs moins d’éoliennes. Il n’y a donc pas matière à un nouveau débat public, d’autant que l’enquête publique permettra à tout un chacun de s’exprimer, et peut-être plus facilement que par le débat public. »

GLC. Pensez-vous que les conclusions positives de l’ARS (Agence Régionale de Santé) devraient être réexaminées et approfondies compte-tenu de celles plutôt alarmantes du CRIIREM sur les risques sanitaires des rayonnements électromagnétiques ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Plutôt d’accord », « Le lieu d’arrivée et le tracé jusqu’à l’usine de La Doberie sont déterminés et figés. Quelques-uns d’entre vous étaient présents à la réunion qui a eu lieu le 20 novembre dernier : Mr Le Préfet, représentant de l’Etat, a statué clairement et fermement sur le sujet. Désormais, le seul recours possible est un recours en justice. Notre avis : il faut maintenant s’attacher à ce que toutes les mesures de sécurité soient prises pour protéger la population et l’environnement, et c’est l’engagement que nous prenons. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Difficile de remettre en cause toute étude dès lors qu’elle ne correspond pas tout à fait à ce que l’on espère. L’ARS a donné un avis éclairé qui doit être pris en compte. »

GLC. Une augmentation des tarifs d’électricité d’au moins 50% d’ici 2020 résultera de l’objectif gouvernemental de réduire la part du nucléaire de 74 à 50 %, et d’augmenter la part des énergies renouvelables à 23% dans la production d’électricité. Cette augmentation vous semble-t-elle acceptable pour les consommateurs et pour la compétitivité des entreprises ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Evidemment pas d’accord sur l’augmentation. Mais quelle est la meilleure solution ? »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Il faut réduire la part du nucléaire dans la production d’électricité. La France s’engage, par la loi de transition énergétique, à réduire de 50 % cette part d’ici 2025. Il faut un sursaut de conscience vis à vis des générations futures. Le coût du nucléaire n’est jamais réellement donné puisqu’on ne prend pas en compte le coût du démantèlement pourtant supporté par l’ensemble des contribuables déjà aujourd’hui. La question des tarifs d’électricité est sans doute à réétudier globalement. »

GLC. Ailes Marines et Areva avaient annoncé pour les phases de fabrication et de construction, environ 2000 emplois dans le grand ouest (dont 1000 en Bretagne) et 140 emplois au port de maintenance (St Quay-Portrieux). Alors qu’aujourd’hui le nombre d’éoliennes est passé de 100 à 62 et que la perspective d’une filière française à l’export est très loin d’être avérée, pensez-vous que cette promesse d’emplois sera respectée ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « 140 emplois sur site ne nous parait pas réaliste. Ce parc nécessitera tout de même une maintenance. Ailes Marines s’est engagé à ce qu’un centre de maintenance soit créé sur le port de Saint-Quay et des moyens de transports en hommes comme en matériel devront être prêts à intervenir en permanence. Nous serons très attentifs aux engagements d’Ailes Marines. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : Votre question sur l’emploi donne déjà une réponse négative sans même connaître les travaux réalisés par les entreprises costarmoricaines en lien avec Ailes Marines, ce qui surprend un peu ! Oui, il y a de forts contacts, oui l’usine AREVA du Havre va être construite, oui nous croyons aux créations mais aussi au maintien d’emplois grâce à cette filière, y compris dans notre canton.

GLC. Vous-mêmes, diriez-vous que vous êtes favorable ou non, à l’installation de la centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc ?
Marie-Madeleine MICHEL et Yannick MORIN : « Oui, réservés au départ (2010), nous sommes devenus favorables à ce projet après avoir écouté et analysé les arguments des différents protagonistes. Désormais notre préoccupation majeure est la sécurité des personnes et de l’environnement. »
Hakim HOCINE et Marie-Reine TILLON : « Oui, comme la majorité départementale, nous sommes favorables à ce parc éolien. »

Commentaire préalable de Marie-Reine Tillon : « Il faut toutefois souligner que les questions posées ne concernent pas les compétences du département. »

REPONSE d’Alain HUGUES et de Lisianne RAULT
« Sans rentrer dans le détail des questions que vous nous posez, nous réaffirmons notre
soutien au projet éolien offshore de la baie de St-Brieuc.
Votre position est excessive et souvent malhonnête: par exemple sur l’absence de concertation : Nous étions présents lors des réunions publiques où vous avez pu largement vous exprimer au point bien souvent de monopoliser la parole du public.
Excessive aussi la présentation de l’impact sur les paysages d’un champ d’éoliennes dont la plus proche est à une vingtaine de kilomètres du littoral !!
On ne vous a d’ailleurs jamais entendu lors des combats que nous menons contre l’implantation des lignes THT, jamais sur la prolifération des panneaux publicitaires poussant nos sociétés dans l’hyperconsommation, jamais sur l’uniformisation des paysages due à l’agriculture intensive. On ne vous a d’ailleurs jamais rencontré sur aucun terrain où les écologistes sont en lutte.
Soudain très soucieux de l’argent du contribuable, on ne vous entend guère non plus sur le gouffre financier d’Areva, sur celui de l’EPR, sur le prix d’un kw/h qui ne contient ni les coûts du démantèlement, ni ceux de la gestion des déchets sur des centaines d’années; Sans parler des sommes astronomiques en cas de catastrophe.
Excessive la menace brandie sur la pêche d’un projet qui a d’ailleurs le soutien du Comité local des pêches: celui ci a bien compris l’occasion de la création d’une réserve halieutique dont la ressource sous pression a bien besoin.
Votre écologie locale est décidément très sélective, animée par l’esprit étroit que les anglo-saxons appellent « Nimby » « Not in my backyard » c’est à dire « pas dans mon jardin ».
Fervents partisans de la sortie du nucléaire, d’un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables et décarbonées, d’une transition énergétique fondée sur les économies et l’efficacité, nous avons deux regrets: celui de voir de grandes multinationales mettre la main sur des ressources communes et celui de voir certains de nos concitoyens instrumentaliser l’écologie pour freiner les projets d’avenir. »

Les candidats à l’élection départementale 2015, canton de Pleslin-Trigavou
A HUGUES et L RAULT