La Mer en débat ou la ruée vers le Vent ?

Depuis le 20 novembre 2023, la révision des documents stratégiques de façade (DSF) qui vont déterminer les implantations éoliennes en mer pour les décennies à venir (proposition de l’État : 45 GW / une cinquantaine de centrales éoliennes) est soumise à la consultation publique.

Il a fallu attendre plus de trois mois, une visite au ministère, un courrier de la CNDP (Commission Nationale du Débat Public), un communiqué des associations du littoral, pour qu’enfin soit publiée la cartographie des zones dites propices à l’éolien en mer sélectionnées par l’État pour la façade NAMO (NordAtlantique-MancheOuest). Le 13 février dernier, à Saint-Brieuc, nous avons du « débattre » sans carte, donc sans connaître les zones identifiées par l’État !

La carte a été mise en ligne sur le site de la CNDP mercredi 6 mars, soit à quelques semaines de la clôture du débat public. Et quelle carte ! Elle signe la victoire des lobbies de la filière industrielle de l’éolien au gouvernement. Un beau doigt d’honneur à des dizaines de scientifiques, à la préservation de la vie marine et de l’Océan.

Carte Eolien NAMO

L’état a retenu 5 zones dites « propices » à l’horizon 2030 :

En Bretagne Nord, un espace de 2260 km2, au nord du Trégor et du Léon

En Bretagne Sud :
– une extension de 90 km2 du projet actuel de parc éolien flottant au large de Belle-Ile
– une extension de 100 km2 du parc éolien de Saint-Nazaire
– une extension de 100 km2 du parc éolien de Yeu-Noirmoutier
– une zone de 770 km2 au sud de l’Ile d’Yeu

+ deux zones à l’horizon 2050
– En Bretagne Ouest devant la pointe finistérienne une immense zone de 13.500 km2
– En Bretagne Sud une zone de 2200 km2 en limite de la zone façade sud

Dans un communiqué, la Région Bretagne précise que cette carte « n’a pas été travaillée avec les élus locaux et leur a été soumise seulement quelques heures avant sa publication ». Elle rappelle que « ce document ne doit pas constituer la carte définitive des futures implantations de parcs éoliens au large de nos côtes, mais simplement alimenter le débat en cours ».

Quant à la région Pays de la Loire, sa présidente, Christelle Morançais, dénonce le « mépris avec lequel l’État nous traite dans ce dossier stratégique » alors que « les objectifs de production électrique pour notre façade – et donc les nuisances potentielles qui s’y rattachent – sont les plus élevés du pays ! (…) En prévoyant de publier, sans aucune consultation préalable, la cartographie des « zones favorables à l’éolien en mer » pour notre façade maritime, l’État exacerbe inutilement les oppositions locales et envenime un débat public déjà très mal engagé. Pourtant, depuis de longs mois, j’alerte le gouvernement sur la nécessité de bâtir une concertation approfondie avec les élus du littoral et les pêcheurs. »