Août 2012 – Ce qu’il faut savoir sur le projet de centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc – partie 2

II. Une centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc

Les sites retenus pour les futures implantations ont été sélectionnés sur proposition des préfets.
Le choix des exploitants des centrales éoliennes offshore est effectué par l’état par la procédure d’appel d’offres.

– 1er appel d’offres : les candidats ont été choisis en avril 2012 pour les sites suivants :

– Fécamp – 65 km2, pour une puissance potentielle de 498MW
– Courseulles-sur-Mer – 50 km2, pour une puissance potentielle de 450MW
– Saint-Brieuc – 80 km2, pour une puissance potentielle de 500MW
– Saint-Nazaire – 78 km2, pour une puissance potentielle de 480MW

– 2ème appel d’offres : lancement au 2ème semestre 2012. Il reste 4072 MWh à attribuer soit environ 800 éoliennes. (Les 4 premières attributions représentent 1928 MWh).

II.1 Le projet résultant du 1er appel d’offres

– Les acteurs et la technologie : Le consortium « Ailes marines » est le lauréat de l’appel d’offres. Créé pour cet appel d’offres, il est constitué de : Iberdrola (Espagne) à 70% et Eole Res à 30% (filiale de Res Méditerranée elle-même détenue à 100% par le Groupe RES – Royaume-Uni) (1). Les turbines, fabriquées en Allemagne, doivent être fournies par Areva, sa filiale ArevaWind assurera également leur maintenance et le SAV. Technip est chargé de réaliser les études d’ingénierie et d’installer les fondations et les éoliennes. Neoen Marine agit comme cabinet conseil (analyses techniques et environnementales, communication..).
– 100 éoliennes de 5MW (Areva M5000 Classe S) : soit des machines hautes de 170 mètres au dessus du niveau de la mer — un repère : la flèche du Mont Saint Michel culmine à 153 mètres- d’un diamètre de 135m, pesant plus de 1.200 tonnes chacune (2).
– Des fondations de type « jaket » : structures métalliques (25x25m haute de 60/70 mètres, 700 Tonnes chacune) fixées par des ancrages en béton (pieux) (3).
– Surface 80 Km2. Une implantation couvrant 80km2 (8 lignes d’éoliennes espacées d’1km), sur des fonds de 34 mètres en moyenne, dans un secteur écologiquement riche (frayères, coquilles Saint Jacques …), à proximité de 2 zones Natura 2000. Rappelons que la zone initialement réservée est de 180Km2 ce qui permettrait l’implantation de 100 nouvelles éoliennes au moins. La baie de Saint-Brieuc sera-t-elle concernée par le second appel d’offres ? Ce sera d’autant plus tentant si personne ne bouge.
– Création d’une sous-station électrique en mer : (pas d‘informations précises sur son ampleur).
– Un maillage de câbles sous-marins entre les éoliennes et vers la sous-station + la liaison vers l’atterrage. 150 km de câbles au minimum
– Lieux d’atterrage : 3 lieux sont aujourd’hui envisagés : Saint Quai Portrieux à l’Ouest, Plérin au Centre, Erquy à l’Est (source : RTE – 12.07.12).
– 3 à 5 ans de travaux en mer (voir calendrier ci-dessous)
– Distance de la côte et visibilité : implantation à partir de 17 km des côtes.(Voir carte et simulations pages suivantes).
– 2 milliards d’euros d’investissement direct (auquel il faut ajouter mise à niveau des réseaux électriques de raccordement + aménagement des ports pour assemblage + …)

(1) Eole Res était en perte en 2009 et 2011, Res Méditerranée a affiché des pertes en 2008, 2009 et 2010. Retour au bénéfice en 2011. IBERDROLA est le premier groupe énergétique en Espagne et le plus gros producteur d’énergie nucléaire. Il interviendra par le biais de sa filiale Iberdrola Renovables France SAS (pas ou peu d’informations).
(2) Nacelle + Rotor 349 T + Mat (7 tronçons x 94 T) 658 T + Fondation 170 T
(3) Les fondations prévues par le projet « Ailes marines »sont de type « jaket ». Mais, après étude pour ses propres projets, EDF- EN a découvert que les sols sont beaucoup friables que prévu. Les options de fondations monopiles ou gravitaires, écologiquement plus destructrices, restent donc ouvertes. Le choix sera fait à l’issue de la « période de levée des risques » (voir ci-dessous) qui permet aux opérateurs de valider les données techniques retenues dans leur réponse à l’appel d’offres.

– Production potentielle: 500MW ; production réelle : environ 140MW, (une éolienne en mer ne produit qu’à environ 26/28% de son potentiel) soit une production réelle annuelle de 1.182 GWh, correspondant à 0,21% de la consommation française d’électricité à l’horizon 2020 (0,23% de la consommation 2011). En théorie (1), ceci correspond au maximum à la consommation électrique de 215.000 ménages (2).

– Calendrier :

A noter :
(*) La période de levée des risques a pour objet de valider les propositions de l’appel d’offres. Pendant cette période, certaines propositions peuvent être modifiées, c’est le cas notamment du type des fondations qui a de fortes chances d’être remis en cause.
(**) Les études d’impacts seront réalisées à postériori après la confirmation du lauréat et financées par lui !!!!! . Remarquons également que durant les phases de construction et d’exploitation ce même lauréat/exploitant s’autocontrôle.
(***) La durée des travaux : 3 ans avant un début de production, près de 5 ans pour une production complète.

II.2 Les enjeux locaux : ce que la centrale électrique éolienne remet en cause

II.2.1 – Les enjeux environnementaux : écologie, paysages et culture.

Un environnement écologique remarquable : la baie de Saint-Brieuc est la cinquième baie au monde pour l’amplitude des marées qui, des zones profondes jusqu’au littoral, alimentent une mosaïque d’écosystèmes, créant un ensemble cohérent, sans discontinuité.

Une vie sous-marine riche et multiple :

> Dans des habitats naturels diversifiés, de nombreuses espèces de poissons (grondin, lotte, lieu jaune, raie, Saint-pierre, maquereaux, bars…), de crustacés (homards, araignées, crevettes…) sans oublier des groupes plus inhabituels : grands dauphins & dauphins communs (Cap Fréhel et le long des côtes du Goélo), marsouins et phoques gris
> Et aussi des gisements naturels de coquillages: coquilles Saint-Jacques (150.000 hectares gisement le plus productif au niveau national), palourdes, praires, amandes, huîtres, moules, coques…

Une grande diversité d’oiseaux sédentaires et migrateurs :
La liste des espèces serait longue mais 3 zones : A l’Est, Hébihens et l’îlot de la Colombière, Cap Fréhel & l’îlot du Verdelet à Pléneuf-Val-André, Fond de la baie de Saint-Brieuc (réserve naturelle nationale) et baie de la Fresnaye à l’Ouest, offrent une variété d’habitat et accueillent des espèces différentes et nombreuses.

Des paysages naturels et culturels exceptionnels : la côte, tantôt escarpée, coupée d’anses multiples, tantôt bordée de longue plages ouvertes, donne un paysage qui, varié dans sa continuité, ne cesse de bouger au rythme des marées. Parmi les plus remarquables qui seront défigurés par la vue sur les éoliennes citons entre autres :

> Les sites naturels du cap Fréhel, du cap d’Erquy, l’ensemble de la côte de Plouha à Plouézec, Bréhat.
> Les ports de pêche devenus stations balnéaires à l’architecture « typique » : Erquy, Dahouet, Val André, Binic, Saint Quay… jusqu’à Bréhat et, hors de la baie de Saint-Brieuc, mais que l’on ne peut dissocier par l’histoire, la continuité et la complémentarité des paysages et de la culture : Lancieux, Saint Briac, Saint Lunaire, Dinard, Saint Malo.
> Les monuments historiques littoraux : Fort La Latte, Phare du cap Fréhel, Abbaye de Beauport et bien entendu les « maisons de villégiature balnéaire de Dinard, Saint Malo intra-muros et ses ouvrages de défense (dont le fort La Latte déjà cité).

(1) En théorie car les heures de production ne correspondent pas obligatoirement à la demande (production nocturne).

(2) Consommation d’électricité par habitant : 2,4 MWh en 2008 (source SOeS bulletin avril 2010), estimée à 2,5MW/h en 2010. Nombre de personnes par ménage 2,2 personnes (source Insee estimation 2010/2014) soit 5,5 MWh par ménage. La production permet donc de répondre en théorie à la consommation de 215.000 ménages (1.182.000/5,5).

L’implantation de la centrale éolienne et zones protégées en baie de Saint-Brieuc

Zone résevée et projet d’implantation des éoliennes offshore
Un espace que le législateur a déjà reconnu et voulu préserver à divers titres

> Les zones Natura 2000 : Zones de protection spéciale, zones spéciales de conservation, sites d’importance communautaire.
> Les sites du Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres.
> La réserve naturelle nationale de la baie de Saint-Brieuc : 4ème des réserves naturelles atlantiques et la première de Bretagne par sa taille.
> Les sites classés et les sites inscrits au titre des sites naturels possédant un intérêt « paysager, artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque exceptionnel » : Cap Fréhel, Erquy, côte de Plouha à Plouézec, Bréhat.
> Les monuments historiques littoraux : Fort La Latte, Abbaye de Beauport dont le périmètre protégé (500 mètres) est totalement inadapté quand il s’agit d’une vue non limitée (voir à ce propos la position de l’UNESCO sur le projet des éoliennes proches du mont Saint-Michel).
> La loi Littoralqui protège le patrimoine et les paysages en limitant la spéculation immobilière et l’urbanisation non contrôlée.
> Le projet de parc naturel marin du « golfe normand-breton » à l’étude de Batz au cap de la Hague.
> Le Réseau des grands sites de France : label de préservation du paysage et de “l’esprit des lieux”, qualité de l’accueil du public. Le Cap Fréhel et le Cap d’Erquy, l’abbaye de Beauport, sont membres et engagés dans une démarche de labellisation.

II.2.2 Les enjeux économiques et l’emploi – Une économie très dépendante de ses richesses naturelles et culturelles.

> Pêche : 115 millions d’euros de chiffre d’affaires ; 1050 emplois (780 emplois à la pêche ; 65 emplois dans les criées ; 206 salariés dans les entreprises de mareyage et de transformation). Erquy 4ème port de pêche en France, Saint-Quay-Portrieux le 10ème par la valeur des prises vendues en criée.
Agrandissement de la criée d’Erquy en 2000 ; Modernisation de la criée de Saint-Quay-Portrieux en 2006; agrandissement du port d’Erquy inauguré le 9 avril 2011.
> Conchyliculture : 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, 600 emplois. Activité liée à la qualité biologique des eaux. La culture sur filières en mer est la seule perspective d’augmentation de la production.
> Plaisance : 52 millions d’euros de chiffre d’affaires; 400 emplois directs, 125 entreprises de production et de services (construction, réparation, manutention, entretien…). 32 000 bateaux immatriculés avec une progression annuelle de 400 unités, 14.800 places d’accueil (ports et mouillages) 2000 à 3000 unités en attente.
Port en eaux profondes de Saint-Cast (créé en juillet 2009), projets à Lézardrieux, Dahouet, Légué, Paimpol & projets de mouillages à sec à Lannion, Tréguier, Lézardrieux, Pléneuf-Val-André.
> Tourisme : concentration sur le littoral : 760 millions d’euros, 15.000 emplois directs et indirects, sans doute plus de 20.000 avec le bâtiment. 2,5 millions de touristes (14ème département français) et 24% des nuitées touristiques de la Bretagne.
> Habitat : Les communes littorales sont les plus peuplées du département (essentiellement des maisons individuelles), ce sont celles où la demande foncière est aussi la plus forte. Les résidences secondaires y sont également concentrées (47.645 résidences secondaires en 2007), représentant 247.350 lits (soit 60% de la totalité de la capacité de l’hébergement touristique) et en progression régulière de 6,67% depuis 2002.

II.3. Les impacts et les conséquences de l’implantation de la centrale (100 éoliennes).

II.3.1- Impacts sur l’écologie

Que l’on soit favorable ou opposé à l’installation de centrales électriques éoliennes en mer, reconnaissons qu’aujourd’hui personne ne dispose d’éléments, ni du recul dans le temps nécessaire pour mesurer les conséquences réelles de l’implantation de 100 éoliennes de 5MW.
Dans les faits, les conséquences écologiques ne sont pas que locales. En effet, nous ne sommes pas confrontés à la seule centrale éolienne de la baie de Saint-Brieuc, mais à un ensemble qui, peu à peu, ceinture la Manche tant du côté français qu’anglais. Toute étude d’impact scientifique devrait prendre en compte ce fait, ainsi que la durée des travaux tant localement que dans les autres lieux concernés.
Etude publiée dans le « Journal of Applied Ecology » : L’auteur, Andrew Gill, de l’université de Cranfield (Royaume-Uni), a constaté que, malgré le grand intérêt que les milieux universitaires portent à l’énergie renouvelable offshore, rares sont les études incluant l’examen des impacts environnementaux, qu’ils soient positifs ou négatifs. « Moins d’un pour cent de ces articles prennent en compte les risques environnementaux potentiels liés à l’exploitation de l’énergie renouvelable et aucun n’était consacré spécifiquement à l’écologie côtière ».

> Impacts sur les fonds marins et les écosystèmes

– Travaux de mise en place = 5 années (pour le premier appel d’offres).
– Déplacement de tonnes de sable, de graviers et de roches, implantation de tonnes de béton et d’acier dans l’option la plus favorable de fondations de type « jaket », ce qui n’est pas acquis.
– Déploiement de kilomètres de câbles électriques.
– Modifications de la structure, de la nature et de la disposition des substrats meubles, modifiant les écosystèmes, détruisent l’habitat des espèces endogènes et attirant des espèces jusqu’alors inconnues.

> Impacts sur l’ornithologie

– Fragmentation des habitats, réduction des territoires.
– Modification du comportement, collision.

> Impacts sur les mammifères marins et les poissons :

– Ondes sonores sur les eaux par la rotation des turbines, et sous l’eau par la vibration des mats et des fondations. Ondes électromagnétiques propagées par les câbles vers la terre.
– Ondes détectées par les marsouins et les phoques à des distances allant jusqu’à 80km. Cabillaud, harengs, limandes et saumons sont également sensibles aux ondes sonores.
– Dans un périmètre proche : abandon d’habitat, stress, brouillage de la communication entre membres d’une même communauté.

Les travaux terminés, la zone restera perturbée (bruits, vibrations, ondes, lumières..).

II.3.2- Impacts sur l’économie et l’emploi

> L’éolien permettra-t-il l’autonomie énergétique de la Bretagne ?
Certains pensent que la centrale éolienne permettra (quand il y a du vent !) de régler le problème d’approvisionnement dont souffre la Bretagne du fait de sa situation géographique.
L’argument ne tient pas : par nature, toute production électrique industrielle est raccordée au réseau national et international, ce qui est encore plus nécessaire s’agissant d’éolien à la production intermittente.
« Un des arguments souvent mis en avant par les promoteurs de l’éolien est de dire qu’il s’agit d’un mode de production « décentralisé ». Cet argument est hélas doublement inexact : – une éolienne produit du courant en moyenne tension (20 kV), qui est ensuite monté en tension pour être injecté dans le réseau de transport (qui va de 90 kV à 400 kV). De ce fait il n’y a pas de correspondance entre le lieu de production et le lieu de consommation, l’éolien alimentant, comme tous les autres modes de production électrique (sauf le photovoltaïque intégré au bâti), un réseau « global », et heureusement.., sinon le système électrique, incapable de faire consommer localement l’électricité éolienne produite quand le vent souffle fort, serait par terre à chaque dépression ! – dans la mesure où une puissance installée significative en éolien suppose l’existence d’un réseau et d’autres moyens de production « ailleurs » qui permettront de gérer la forte variabilité de l’éolien, ce caractère local devient inexistant : quand l’éolienne est bien locale mais que l’ensemble ne peut fonctionner que grâce à un réseau national voire international, on ne voit pas bien où est le coté « autonomie » qui est sous-jacent à l’adjectif « local ». Il n’y a pas de correspondance entre le lieu de production et le lieu d’utilisation. (J.M Jancovici (1) :Combien d’éoliennes faudrait-il installer en France pour produire la totalité du courant consommé ? site manicore.com)

> Combien d’emplois ? Beaucoup de promesses
On a parlé de « 2000 emplois essentiellement dans le grand ouest, dont un potentiel d’environ 1.000 pour la Bretagne, et de 140 emplois directs en baie de Saint-Brieuc dont une trentaine de marins pour assurer la maintenance » (source Ailes Marines 12 juillet 2012). Force est de constater que, pour l’instant, nous en sommes toujours au stade des promesses qui s’amenuisent et pour certaines s’étiolent au fil du temps (les délais de mise en place d’infrastructures idoines laissent à penser que de nombreuses promesses ne pourront être tenues).

– Concernant Areva qui devait construire de toute pièce une usine au Havre pour produire les éoliennes briochines et y embaucher 700 personnes (source Le Télégramme du 12.07.2012), il est aujourd’hui officiel que la fabrication s’effectuera à Bremerhaven (Allemagne).
Eole Res dans la présentation de son projet en baie de Saint- Brieuc (diapositives 4 juin 2012) parle « du souhait d’Areva Wind de dupliquer en France, en fonction de l’étendue du marché (en France), le modèle de revitalisation de la zone économique de Bremerhaven (Allemagne) » auquel elle a participé. Voilà qui est précis !
– A Brest qui, avec quelques centaines d’emplois à la clé, devrait assurer la construction, l’assemblage et le stockage des fondations, rien n’est joué. Tout d’abord, le type de fondation, « jakets » ou autres n’est pas définitivement fixé, mais surtout l’emploi repose essentiellement sur l’exportation de ces fondations. Or, Brest est bien éloigné des futurs projets d’éoliennes en mer et les pays concernés vont, comme nous le faisons naturellement en France, favoriser leurs industries locales.
Ouest France constatait dans un article du 1er Juin 2012: « Brest en est encore à la phase de séduction. Pas ou peu d’emplois industriels à l’horizon. . Brest pourrait n’avoir que du stockage et du pré assemblage soit quelques dizaines d’emplois pendant 2 ans ».

> En baie de Saint-Brieuc : peu ou pas de créations d’emplois (directs et indirects).

– La maintenance en baie de Saint-Brieuc : dans le cas de turbines de haute technologie, le diagnostique, et pour partie la maintenance, sont assurés par télétransmission. L’intervention des spécialistes est affaire de techniciens habitant hors zone. Reste la maintenance de base et la surveillance locale. Qu’en est-il concrètement ? Le travail de « technicien de maintenance en éolienne » est voué à une « vérification » peu qualifiée des machines (source : fmpcisme.org). La promesse de la « trentaine de marins pour assurer la maintenance » semble également bien approximative. L’annonce de « 140 emplois directs en baie de Saint-Brieuc » pour assurer la maintenance soit 1,4 personne par éolienne ne semble pas réaliste.
– Les emplois temporaires liés à l’installation dans la baie : En fait les différents travaux vont s’effectuer par campagne – séquence de 3 mois (Source : présentation Eole Res du 4 juin 2012) menées par des intervenants différents. Technip prévoit 300 emplois pour l’ingénierie et l’installation en mer des câbles, des fondations et des éoliennes. Emplois à durée déterminée ? Quelle proportion de locaux ? Par ailleurs, une grande partie des équipes formée au travail en mer ne résidera pas sur place. Qu’en attendre ? Quelques hôtels et restaurants en profiteront mais le flou demeure.
– L’impact touristique d’une centrale électrique éolienne. L’attrait touristique des 100 éoliennes est souvent invoqué. De deux choses l’une : soit les 100 éoliennes ne seront pas visibles auquel cas elles n’auront aucun attrait sauf auprès des passionnés qui voudront prendre la mer pour aller les voir de près, soit elles seront bien visibles et alors elles repousseront ceux qui viennent dans la baie pour profiter des paysages et d’un cadre de vie naturel. En tout état de cause les sites offshore seront nombreux à terme; nulle utilité d’aller spécialement à Saint-Brieuc pour en voir.

> La destruction d’emplois existants est plus à craindre

– Pêche : limitation des zones de pêche + perturbations des écosystèmes = moins de navires, moins de pêcheurs, mareyages et autres activités.
– Conchyliculture : déplacement des substrats sous-marins durant les travaux affectant la qualité des eaux = moindre productivité.
– Plaisance : zone de navigation réduite et donc moins d’attractivité, moins d’emplois.
– Port de commerce : Les 180 Km2 réservés à la centrale éolienne se trouve au centre des deux chenaux d’approche conduisant aux ports de Saint Malo et du Légué apportant une contrainte importante à la navigation. Rappelons que Le Légué est le principal port de commerce des Côtes d’Armor, un important port de plaisance (250 anneaux, 150 places à terre) et l’un des sites de réparation navale les plus importants de Bretagne Nord attirant de nombreux professionnels de la Manche, des îles anglo-normandes et même du sud de l’Angleterre. L’importance de ce port a été reconnue par le conseil général qui, en 2006, a soutenu les investissements dans Le Carré Rosengart pour conserver le patrimoine industriel du port et permettre l’installation d’activités économiques en lien avec le nautisme.
– Tourisme : Rappelons que les côtes d’Armor accueillent un tourisme familial et un tourisme « vert », pour partie constitué de randonneurs attirés par le sentier littoral, attaché à la beauté et à l’authenticité de nos côtes. Au total des amoureux de la nature, d’un cadre de vie simple et calme, non pollué par des installations industrielles. Les éoliennes ne devraient pas être un facteur de développement de la clientèle et donc du chiffre d’affaires induit.
– Bâtiment : moins d’attrait = moins de construction et d’aménagement = moins d’emplois.

> Dévalorisation de l’immobilier
Le seul impact visuel ne peut que dévaloriser les immeubles avec « vue sur éoliennes ». Sans qu’il soit possible d’avancer un chiffre exact, des exemples montrent une dévalorisation de 10% à 20% des biens.

> Mais, une « Taxe » de compensation : en fait l’équivalent d’une taxe foncière payée par l’exploitant à l’Etat qui le reverse (moins impôts) aux parties prenantes.
Compte tenu de la nuisance reconnue par l’état, la taxe de compensation de l’éolien offshore est le double de celle des éoliennes terrestres : 13.137€ contre 7.000€ par MW installés. Soit environ 6.000.000 euros annuels (après taxes perçues par l’état) pour la baie de Saint- Brieuc. Cette somme sera pour moitié répartie par le Préfet entre les communes selon une grille prenant en compte le nombre d’habitants et la visibilité sur la centrale, et pour l’autre moitié par le Conseil Général dans le cadre d’un fonds départemental pour les activités de pêche et de plaisance (la répartition et l’utilisation concrète est laissée à la liberté du Conseil Général).
Par ailleurs, certains intervenants locaux négocient également directement avec le Lauréat exploitant des indemnités ou compensations.

II.3.3 – Impact paysager : destruction des paysages exceptionnels jusqu’à présent préservés, qui constituent le cadre de vie des habitants et le principal attrait touristique

Pour mémoire : la sécurité (mer & air) impose que les éoliennes soient visibles de jour comme de nuit (lumières clignotantes toute les secondes et demi).

La plupart des riverains pensent qu’ils ne verront pas les éoliennes. En effet la Baie de Saint-Brieuc est vaste et la dénomination du projet suffisamment large pour que personne ne se sente réellement concerné au premier chef. Les riverains ne réalisent pas non plus l’ampleur du projet ainsi que l’envergure des éoliennes.

Pourtant, chacun peut constater de lui-même la visibilité en mer. Deux exemples : du cap Fréhel, par temps moyen (donc sans visibilité particulière), on voit très bien à l’œil nu le clocher de Saint-Malo qui culmine à 72 mètres et est situé à 21Km. De la même façon, la lumière du phare du cap Fréhel dont la lanterne domine à 103 mètres porte à plus de 100Km.

Simulations/photomontages selon quelques distances par rapport aux éoliennes

cap-erquy
17 Km : Vue du Cap d’Erquy

cap-frehel
17 Km : Vue du Cap Fréhel – Pointe du Jas

sable-or
19 Km – Vue des Sables d’Or

baie-fresnaye

21 Km – Vue de la baie de La Fresnaye, photo prise de bateau à la pointe de Saint-Cast

val-andre
24 Km – Vue du Val André prise de la plage côté ouest

lancieux
31 Km – Vue de Lancieux – Rues des Pêcheries

saint-briac
31 Km – Vue de Saint-Briac – Balcon d’Emeraude

Lire la conclusion
Avril 2012 à Octobre 2013 Période dite de « levée des risques » (*) & confirmation des lauréats Avril 2012 à Avril 2014
Etudes d’impacts (**) Avril 2015 Début des travaux (***) 2018 Début de production partie