Aout 2012 – LETTRE DU PRÉSIDENT

Août 2012

Nous venons de réaliser une nouvelle synthèse du projet de centrale éolienne en baie de Saint Brieuc – Voir dans le menu « dossier synthèse ».

Pour mémoire, le projet est aujourd’hui le suivant :

– 100 éoliennes de 5MW, soit des machines de 170 mètres de haut (hors eau) — un repère : la flèche du Mont Saint Michel culmine à 153 mètres–, pesant plus de 1.200 tonnes chacune, reposant sur des structures métalliques ( jaquette 25x25m, 700T chacune) fixées par des ancrages en béton (pieux). Sans oublier 150 km de cables au minimum.

– Une implantation couvrant 80km2 (8 lignes de 1km de largeur), sur des fonds de 34 mètres en moyenne, dans une zone écologiquement riche (frayères, coquilles Saint Jacques …).

– Un budget d’investissement de 2 milliards d’Euros.

Planning des mois à venir :

– D’avril 2012 à octobre 2013: période de validation des conditions techniques et environnementales précises ainsi que de la faisabilité à confirmer par le lauréat.

– D’avril 2012 à avril 2014 : études d’impacts sur l’environnement et les activités économiques existantes. Ces études ”a posteriori ” seront menées et financées par ceux à qui la réalisation de la centrale a été confiée, sachant qu’aucune étude environnementale préalable et indépendante n’a été menée.

– D’avril 2014 à avril 2015 : autorisations d’occupation du domaine maritime.

– 2015, début des travaux pour un début de production en 2018.

Rappelons qu’un second appel d’offres est prévu au second semestre de 2012. Il peut à nouveau concerner la baie de Saint-Brieuc, car le gouvernement y a déterminé une surface totale « favorable à l’éolien » de 180 Km2 (un repère : la surface de Paris intra-muros est de 105 Km2), soit 1/3 de la baie de Saint Brieuc.

EDPR (filiale renouvelable de l’électricien portuguais EDP) associé à d’autres réclame dans un communiqué de presse la création de 7 nouvelles zones mais surtout pointe du doigt la non rentabilité des usines de fabrication (« que ce soit celles d’Areva, d’Alsthom ..) pour ceux qui seraient tentés d’en créer  » (6). Il va falloir plus d’éoliennes.

L’association « Gardez les Caps », lutte contre ce projet défini sans aucune étude d’impacts préalable, sans consultation du public, sans souci des conséquences locales, ni du coût économique.

Notre position s’appuie sur des arguments de nature :

– Ecologique : l’installation de 100 éoliennes implique la modification des écosystèmes et la destruction de zone de frayères sur 80km2, situés à proximité d’espaces Natura 2000. Les travaux dureront 3 ans a minima.

– Economique :

Localement : amputation de la zone de pêche, entrave aux accès des ports du Légué et de Saint Malo, restriction de la navigation pour la plaisance, impact visuel négatif sur le tourisme. Tout ceci en totale contradiction avec les investissements réalisés depuis plus de 20 ans pour développer ces activités, mettre en valeur et protéger le littoral. Autrement dit, des professions pérennes sont remises en cause au profit d’emplois éphémères durant l’installation, et de la création de quelques postes de maintenance qui, compte tenu de la technicité des machines, feront peu appel à la main d’œuvre locale.
Régionalement : les promesses de création d’emplois par milliers ne connaissent aujourd’hui aucune base concrète et demeurent des intentions qui semblent malmenées par les objectifs de rentabilité (La création de sites industriels complexes nécessitent quelques années et un large marché (Voir communiqué de presse électricien Portuguais EDP 19 juin 2012) . Les espagnols, les danois, les allemands, les portuguais et …les chinois sont déjà présents et rencontrent, semble-t-il, des difficultés : Iberdrola par exemple.
A l’échelon national : le vent étant par nature imprévisible et instable, la production moyenne annuelle d’une éolienne en mer n’est que de 24% à 28% de sa puissance installée (avec des jours où elle ne représente que 4% voire moins). L’énergie électrique ne se stockant pas, il faut pallier l’irrégularité du vent par l’installation de centrales thermiques (qui rejettent du CO2). D’où un double investissement, éoliennes + centrales thermiques sans compter la refonte des réseaux de transmission électrique non adaptés à des flux irréguliers. Une aberration économique (voir rapport UFE : l’électricité 2030) financée au final par le consommateur ; le prix d’achat de l’électricité étant garanti au producteur pendant 20 ans. Pour mémoire : d’autres sources d’énergies renouvelables, régulières, fiables et prévisibles existent. Leur exploitation permettrait de créer une véritable filière technologique française. Pourquoi, alors, favoriser l’éolien par nature inconstant, peu productif et couteux ?

– Paysagère : proches de la côte (17km d’Erquy), situées à proximité de sites remarquables et protégés (Fort La Latte, Cap Fréhel, Cap d’Erquy, Falaises de Plouha etc.), les éoliennes seront visibles de Saint Malo à Bréhat. Leur implantation vient contredire les investissements réalisés pour la protection de l’environnement, ainsi que les projets en cours : labellisation « grands Sites de France » pour le Cap Fréhel et le Cap d’Erquy, parc marin Normando-Breton (du cap Fréhel au Nord Cotentin), parc naturel régional Rance-Côte d’Emeraude …

En tant qu’habitant, en tant que riverain, vous êtes les premiers concernés par les conséquences prévisibles de cette centrale éolienne qui va durablement modifier votre cadre de vie, sans même parler des effets sur l’immobilier.

Pour l’instant, rien n’est encore fait, mais il est temps de se mobiliser massivement pour éviter ce saccage. Il est temps de remettre en cause les opinions toutes faites, les informations tendancieuses, parfois erronées, véhiculées par la presse et la publicité. Il est temps de faire prendre conscience de la réalité aux responsables politiques des communes littorales endormis par des promesses de compensations financières. Il est temps que les pêcheurs réalisent que les dédommagements, qu’ils négocient, ne remplaceront pas leur emploi. D’autres professions liées à la mer et au tourisme, ainsi que des particuliers, auraient tout autant droit à des indemnités.

Votre adhésion est importante pour avoir un poids accru vis-à-vis de l’administration et des instances politiques. Vos compétences nous seront également utiles qu’elles soient juridiques, écologiques, économiques, liées à la communication ou plus spécifiquement au domaine des énergies.

Par avance, je remercie ceux qui, conscients des conséquences de ce projet, viendront nous rejoindre.

Je vous prie de croire, chère Madame, cher Monsieur, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.

Dominique de Lantivy

Association Gardez les Caps – Président