Coraux baie de Saint-Brieuc

Coraux de la baie de Saint-Brieuc, un patrimoine remarquable

« Le relief sous-marin accidenté du golfe normand-breton et son hydrodynamisme complexe en font une mosaïque naturelle. En effet, tous les types de fonds observés sur l’ensemble de la Manche y sont représentés et se retrouvent à proximité de la zone d’implantation des éoliennes. Meubles en grande majorité, ces fonds sont toutefois parsemés de plateaux rocheux et de récifs. Certains habitats particuliers (bancs de maërl, herbiers de zostères, estuaires) seront à prendre particulièrement en considération lors du raccordement et de l’atterrage des câbles électriques. La diversité des habitats se traduit aussi par celle des poissons, des crustacés et des coquillages. Pour les poissons, près de 180 espèces ont été répertoriées dans le golfe normand-breton, dont un grand nombre présente un intérêt pour la pêche commerciale ou récréative. Les modifications ou pertes d’habitats et des communautés animales associées peuvent avoir des répercussions importantes sur l’alimentation de prédateurs supérieurs dépendant de ces espèces, comme les oiseaux et les mammifères marins, mais aussi certains poissons (amphihalins notamment) à fort enjeu de conservation. »
Cahier d’acteur de l’Agence des Aires Marines Protégées, juin 2013 39 CA_AIRES_MARINES

Le secteur d’implantation de la centrale électrique d’IBERDROLA (62 éoliennes/190 forages) est un espace biologique remarquable, entouré à l’ouest, au sud et à l’est, d’aires marines protégées (Natura 2000).

Baie de Saint-Brieuc

🐟 SIC et ZPS « Cap d’Erquy – Cap Fréhel » (460 m)
🐟 SIC et ZPS « Baie de Saint-Brieuc-Est » (11,4 km)
🐟 SIC, ZPS et ZSC « Trégor Goëlo » (12,3 km)
🐟 SIC « Baie de Lancieux, Baie de l’Arguenon, Archipel de Saint-Malo et Dinard » (22,7 km)
🐟 ZPS « Iles de la Colombière, de la Nellière et des Haches », (25,2 km)
🐟 SIC et ZPS « Chausey » (36 km)
🐟 SIC « Côte de Cancale à Paramé » (37 km)
🐟 ZSC, ZPS « Côte de Granit Rose–Sept-Îles » (55,6 km)

Les bancs de maërl sont un des habitats qui ont justifié la création des sites Natura 2000 de la baie de Saint-Brieuc.

Le maërl est un habitat menacé et inscrit dans la convention OSPAR.

Maërl vivant

Maërl vivant

Le maërl est une accumulation de différentes algues calcaires rouges formant des bancs localisés. Baptisé corail breton, les maërls sont considérés comme les végétaux marins les plus âgés d’Europe et comme l’une des plantes marines au taux de croissance le plus faible au monde. (IUEM(UBO)/LEMAR, Grall, 2003)

Leur croissance est de 300 microns par an. Il faut trois années pour obtenir un millimètre de maërl, soit entre 100 et 150 ans pour réaliser des branches de 5 à 10 cm. C’est en Bretagne que se trouvent les bancs de maërl parmi les plus importants d’Europe en termes de superficie et d’épaisseur.

L’âge des bancs bretons est estimé à plus de 8000 ans (Grall, 2003).

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Localisation des bancs de maërl sur le fuseau des câbles à 225.000 volts du raccordement électrique des éoliennes d’IBERDROLA. (Enquête publique 2016)

La diversité des organismes à la fois d’origine végétale et animale abrités par les bancs de maërl est tout simplement extraordinaire : près de 900 espèces animales et 150 espèces végétales ont été répertoriées dans les bancs de maërl étudiés en Bretagne.
(Grall 2009 et 2016 https://www.aglia.fr/wp-content/uploads/2019/05/4-decider_phase1_synthese_maerl_vdef_compil-2.pdf)

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REBENT
2016, Synthèse des connaissances sur le maërl en Bretagne

–> La conservation des bancs de maërl de la baie de Saint-Brieuc est un enjeu international compte tenu de la biodiversité exceptionnelle de cet habitat.

Oui, il y a des coraux en baie de Saint-Brieuc !

A des profondeurs comprises entre 35 et 1500 mètres, de la Norvège au golfe de Gascogne, des coraux d’eau froide se sont développés dans des températures allant de 4 à 13 degrés.

« L’existence des coraux des mers froides est connue depuis le XVIIIème siècle et ont été observés dès le XIXème au large de la Grande-Bretagne et de la péninsule ibérique. Le monde de la pêche connait aussi cet habitat particulier depuis plusieurs siècles. »
https://www.yumpu.com/fr/document/view/38420569/les-jardins-de-coraux-mous-ospar-commission

« On peut trouver des jardins de corail sur une grande variété de substrats mous et durs du fond marin. Par exemple, les jardins de corail de fonds mous peuvent être dominés par des scléractiniaires solitaires, des pennatules ou certains types de corail bambou, alors que les jardins de corail de fonds durs sont souvent dominés par des gorgones, des stylasteridae, et/ou des coraux noirs (CIEM 2007). »
https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/16/tab/description

L’inscription des jardins de coraux mous sur la liste d’espèces et d’habitats menacés et ou en déclin a été décidé par la commission OSPAR dès 2003.

https://www.yumpu.com/fr/document/view/38420569/les-jardins-de-coraux-mous-ospar-commission

Comment expliquer que les coraux de la baie de Saint-Brieuc connus de tous les pêcheurs et plongeurs, n’aient pas été répertoriés par IBERDROLA-Ailes Marines ?

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Communiqué de presse d’IBERDROLA-Ailes Marines du 20 novembre 2020  CP-20-novembre-2020-Ailes-Marines-apporte-des-précisions-et-clarifications-sur-le-projet-de-parc-éolien-en-mer-de-Saint-Brieuc

Connus, mais non cartographiés, parce que ces coraux de la baie de Saint-Brieuc s’épanouissent à des profondeurs qui nécessitent de descendre jusqu’à 35 mètres de fond sur des zones traversées par de très forts courants. Ils sont donc peu accessibles aux scientifiques. En effet, les plongées doivent s’effectuer par paliers, avec une planification précise selon la table des marées. Elles nécessitent également un très bon matériel, à 35 mètres de profondeur, l’obscurité est totale. Des conditions particulières et difficiles qui expliquent la quasi absence d’études scientifiques approfondies.


Le pôle maritime du Muséum basé à Dinard n’a jamais été missionné par les autorités pour documenter les fonds benthiques de la baie de Saint-Brieuc dans le cadre de l’attribution exclusive d’une concession de 103 km2 à IBERDROLA-Ailes Marines pendant 40 ans.


La protection de la biodiversité serait-elle à géométrie variable en baie de Saint-Brieuc ?

Rose des mers et Eponge

Pétales de rose des mers et éponge remontés vendredi 20 novembre 2020 par un pêcheur de la baie de Saint-Brieuc, précisément au cœur de l’emplacement du projet d’IBERDROLA.

Quelques exemples de coraux vivants et en bonne santé, photographiés dans la baie de Saint-Brieuc

Pentapora fascialis ROSE DES MERS

Pentapora fascialis ROSE DES MERS

Alcyon jaune en mode repas

Alcyon jaune en mode repas

Corail CORNE DE CERF

Corail CORNE DE CERF

Au pied d'une gorgone, une éponge Axinelle

Au pied d’une gorgone, une éponge Axinelle

Alcyon rose

Alcyon rose

« C’est plus facile de détruire ce dont on n’a pas connaissance. »

Lamya Essemlali, présidente de l’ONG Sea Shepherd France

Devant les dénégations médiatisées du directeur d’IBERDROLA France sur la présence de coraux en baie de Saint-Brieuc, l’ONG Sea Shepherd a envoyé à deux reprises des plongeurs documenter les fonds marins de la baie, deux plongées réalisées le 25 juillet 2021 (N- 48°41′ 46.84″ W -2°32’13.44″) puis le 17 septembre 2021 (N-48°52’26.0″. W-2°33’29.0″).

Poissons, gorgones, une multitude d’algues, des ascidies, des spongiaires, des vieilles, des cténolabres, des crénilabres, des tacauds, des araignées … « L’objectif, c’est de rappeler aux gens la beauté de la baie, souligne Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France à France3. C’est plus facile de détruire ce dont on n’a pas connaissance. » https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/cotes-d-armor/saint-brieuc/eolien-en-baie-de-saint-brieuc-sea-shepherd-rappelle-la-beaute-des-fonds-marins-menaces-dans-une-video-2272198.html

Dans une autre vidéo, l’ONG Sea Shepherd donne à entendre le vacarme sous-marin des forages réalisés par l’AEOLUS, le navire missionné par IBERDROLA-Ailes Marines qui a déjà pollué la baie à deux reprises depuis le démarrage des travaux en mai 2021.

Si le projet éolien d’IBERDROLA-Ailes Marines aboutissait, la France aurait une responsabilité majeure .

En raison de la richesse et de la fragilité de ces biosystèmes marins remarquables, le projet industriel d’IBERDROLA-Ailes Marines porte une grave atteinte à leur maintien dans un bon état de conservation.

Les travaux d’implantation de 62 éoliennes et leur station électrique en mer signifient en effet, 190 forages dans les fonds marins, pour certains à 50 mètres, dans un sous-sol de roches volcaniques dures, granite, dolérite ou gneiss, avec rejet dans la colonne d’eau des milliers de m3 de sédiments secs extraits, IBERDROLA-Ailes Marines ayant refusé de les aspirer.

Cela signifie également l’écrasement et le tranchage des fonds marins, les 62 éoliennes exigeant un maillage d’environ 130 kilomètres de câbles électriques dont l’ensouillage ou l’enrochement achèveront de massacrer ces fonds benthiques.

De surcroit IBERDROLA-Ailes Marines a annoncé le déplacement de 450 blocs rocheux de plus d’1 mètre de diamètre. Or, ce sont précisément ces blocs rocheux qui présentent une remarquable couverture faunistique.

Devant ce scandale, il est permis d’espérer que la France impose enfin à l’industrie éolienne de respecter les exigences du droit de l’environnement marin.

La protection des zones Natura 2000 doit désormais prendre en compte les informations nouvelles et la mise à jour des données du dossier initial. Or, les dix années consacrées à la simple préparation du projet éolien, exclusivement dues à l’impréparation du porteur de projet, a produit des données nouvelles.

Notamment, que les fonds identifiés pour la centrale électrique éolienne, constituent une zone de coraux d’eau froide protégés par la directive Habitats.

🇫🇷 Discours d’Emmanuel Macron présentant à l’occasion des Assises de l’économie de la mer à Montpellier le 3 décembre 2019, la feuille de route du Gouvernement sur la politique maritime de la France. 🇫🇷

🇫🇷 « L’océan est un bien commun de l’humanité. (…) Et je veillerai à ce que la France soit à l’avant-garde dans les instances internationales ad hoc pour la défense et la protection des océans. (…) L’océan c’est en effet le sanctuaire de notre biodiversité et je n’ai pas ici besoin de dire combien elle est décisive dans l’équilibre de nos écosystèmes. C’est un trésor infini de faune et de flore. (…) C’est la ressource halieutique qui grâce à la pêche constitue le premier apport en protéines pour 1 milliard de femmes et d’hommes. Et c’est un lieu où il nous faut, et la France est à cet égard à l’avant garde et j’y reviendrai, concilier ces objectifs et ces usages : la préservation de la biodiversité et la nécessité de nourrir la planète. (…) La question qui nous est aujourd’hui posée, c’est comment exploiter durablement ces ressources alimentaires, minérales, énergétiques ou biologiques sans compromettre l’équilibre fragile des écosystèmes océaniques. » 🇫🇷

https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/12/03/locean-poumon-de-lhumanite-qui-menace-de-setouffer

Dont acte Monsieur le Président.