Assises de l’économie de la mer. Emmanuel Macron feint de croire à la possibilité d’un deal entre industrialisation accrue et protection de l’Océan

A l’occasion des Assises de l’économie de la mer à Montpellier, Emmanuel Macron a présenté la feuille de route du Gouvernement sur la politique maritime de la France, et rappelé les engagements pris en matière d’accompagnement du développement économique maritime, d’environnement, d’énergies marines renouvelables.

Les Assises de l’économie de la mer sont le rendez-vous annuel de la communauté maritime française. Cet événement est organisé par l’hebdomadaire le Marin et le quotidien Ouest France autour de très nombreux partenaires privés et publics.

Discours d’Emmanuel Macron aux Assises de l’économie de la mer

3Opéra en 3 actes
Acte 1. L’indispensable protection des océans « bien commun de l’humanité »
Acte 2. Hommage aux marins pêcheurs
Acte 3. 1 GW (gigawatt) d’éolien en mer par an d’ici à 2024

Vous pouvez écouter le discours d’Emmanuel Macron sur le site de l’Elysée https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2019/12/03/locean-poumon-de-lhumanite-qui-menace-de-setouffer

et le télécharger 2019-12-03 Transcription du discours du Président de la République aux Assises de la mer

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Acte 1. L’indispensable protection des océans « bien commun de l’humanité »

Gardez les Caps

« L’océan est un bien commun de l’humanité »

« Et je veillerai à ce que la France soit à l’avant-garde dans les instances internationales ad hoc pour la défense et la protection des océans. »

« L’océan c’est en effet le sanctuaire de notre biodiversité et je n’ai pas ici besoin de dire combien elle est décisive dans l’équilibre de nos écosystèmes. C’est un trésor infini de faune et de flore. »

« C’est la ressource halieutique qui grâce à la pêche constitue le premier apport en protéines pour 1 milliard de femmes et d’hommes. Et c’est un lieu où il nous faut, et la France est à cet égard à l’avant garde et j’y reviendrai, concilier ces objectifs et ces usages : la préservation de la biodiversité et la nécessité de nourrir la planète. »

« La question qui nous est aujourd’hui posée, c’est comment exploiter durablement ces ressources alimentaires, minérales, énergétiques ou biologiques sans compromettre l’équilibre fragile des écosystèmes océaniques. »

« Protéger la biodiversité, c’est par exemple, très concrètement, protéger les cétacés. »

« C’est aussi protéger nos récifs coralliens. La France est le quatrième pays corallien au monde, un dixième de la surface corallienne du monde se trouve dans les eaux françaises. Aujourd’hui, nous protégeons deux tiers de nos récifs par des aires marines protégées dans lesquelles des activités sont interdites et contrôlées. Je veux, d’une part, que l’on renforce les contrôles dans ces aires, et d’autre part, que l’on protège les trois quarts de nos récifs en 2021 et la totalité en 2025. »

Acte 2. Hommage aux marins pêcheurs

L-Ifremer-sillonne-la-baie-de-Seine-et-la-baie-de-Saint-Brieuc-pour-evaluer-la-biomasse-de-coquilles-Saint-Jacques

« Notre pêche a fait un effort, ces dernières années et ces dernières décennies, inédit, qui montre que cette réconciliation des usages de la mer est possible. Je veux ici leur rendre hommage parce que c’est une activité qui, au quotidien, reste dure, aujourd’hui encore, à qui on a demandé, et j’y reviendrai là aussi, beaucoup d’investissements et de contraintes, mais qui a su comprendre que son avenir et son intérêt étaient dans cette préservation de la biodiversité, qui a su participer à ce travail de régénération des réserves halieutiques. »

« Nous sommes une grande nation de pêche et une grande nation de protection de la biodiversité parce que nous avons des marins, des pêcheurs qui ont le sens des responsabilités et ont su faire ces efforts. »

« Mais cette part que notre pêche représente, pêche mais aussi tous les métiers de la transformation, de la distribution, de la restauration et tout l’aval absolument indispensable de valorisation dont la France peut aussi être fière et qui permet de faire travailler toutes nos côtes, tous nos ports et a permis des spécialisations indispensables et une vraie excellence française, sa force, c’est d’avoir compris, et nous y reviendrons sans doute lors de notre débat, c’est d’avoir compris l’importance de la durabilité, de la traçabilité. C’est d’avoir compris le caractère essentiel du maintien des réserves halieutiques, le caractère essentiel des pratiques de pêche et des caractères de cette pêche. »

Acte 3. 1 gigawatt (GW) d’éolien en mer par an d’ici à 2024.

©Ouest France

« Je vais vous parler avec franchise : qu’un pays comme le nôtre qui compte près de 20 000 kilomètres de côtes et possède de ce fait un des potentiels les plus importants au monde en la matière ne soit pas aujourd’hui en pointe sur ce domaine est incompréhensible. Il est donc urgent de mettre fin à des années de procédures administratives trop lentes, d’hésitations, de renoncements, parfois de remboursements. C’est chose faite. Il y a quelques mois, ceux qui me connaissent savent que je fonctionne ainsi, par impatiences successives répétées et entêtement, nous avons enfin débloqué les projets qui étaient en cours et la construction du premier parc éolien français en mer a été lancée à Saint-Nazaire. C’était une étape importante, mais je veux ici confirmer que le mouvement va se poursuivre d’ici 2024. L’Etat attribuera ainsi, chaque année, 1 gigawatt de puissance supplémentaire, soit l’équivalent d’un à deux parcs éoliens chaque année. »

« Mais c’est un travail derrière qu’il ne faut pas négliger, qui est un travail avec nos pêcheurs et tous ceux qui ont l’usage de la mer, parce qu’il faut que les conflits d’usage soient réglés avant que les parcs ne soient déployés, et là aussi, à chaque fois, nous avons su régler ces problèmes et il faut continuer dans l’esprit de responsabilité. Et c’est un travail exigeant en termes financiers, parce que j’ai regardé aussi les contrats, on a mis du temps parce qu’on a renégocié les contrats. On faisait payer parfois à l’Etat, pour 20 ans, des prix fous. Donc je suis pour développer les filières, mais moi, je ne suis pas pour payer pour 20 ans, à un ou deux opérateurs, des prix déraisonnables, parce que c’est le contribuable qui paye. »

©Gardez les Caps