Grand-messe éolienne à Erquy le 16 juillet dernier

A quelques encablures de la mairie d’Erquy, à l’Ancre des mots, tous étaient présents, écoutant sereinement la société Ailes Marines, en charge du projet d’usine électrique en mer, exposer à grand renfort d’affirmations paradoxales, la catastrophe environnementale et visuelle prévisible en baie de Saint-Brieuc. Madame la Maire d’Erquy, Monsieur le Maire de Pléneuf, Monsieur le Président de la communauté de communes de Matignon, Monsieur le Conseiller général du canton de Pléneuf-Val-André, ou encore, plusieurs représentants de la région Bretagne.

X    « Une chance de développement pour les Côtes d’Armor » assertion qui feint d’ignorer que chaque éolienne par son seul surcoût du tarif d’achat de l’électricité, coûtera chaque année à la collectivité plus cher que la part de cet argent public reversé aux collectivités. Le dérapage budgétaire a commencé avec un projet passé de 2 à 2,5 milliards d’euros, et la facture finale présentée par Ailes Marines sera d’environ 8 milliards d’euros.

X    « Une création de 140 emplois » : Monsieur Pascal Craplet (Directeur des affaires publiques du groupe Eole-RES) reconnait qu’il s’agira d’emplois postés (3×8, ou 24-48, etc.) correspondant à un nombre de fonctions plus restreint. 25-30 ? Le panneau promotionnel de l’exposition d’Ailes Marines indique 5 jours de maintenance préventive et 15 jours de maintenance curative par éolienne. Soit 20 jours pour 365 jours de fonctionnement, soit 5,7% d’incapacité. Dans le public, on fait remarquer qu’il y aura une éolienne en arrêt sur 5, ce qui fait en réalité 20% d’incapacité, rectificatif non contredit par Monsieur Craplet.

X    « Une production équivalente à la consommation d’énergie électrique de 800 000 habitants, chauffage compris. » L’intervention du public va réduire ce chiffre à 250 000 habitants. Monsieur Emmanuel Rollin (Directeur du projet) explique qu’il n’a pas compté les usages autres que la consommation des ménages.

X    Quelques affirmations assénées sans aucun fondement scientifique :

« Une efficacité des éoliennes de 95% grâce à l’agrandissement des pales » et à « la technologie éprouvée des turbines AREVA »

« Les barrages hydrauliques d’EDF compenseront les aléas du vent. »

« Les pêcheurs pêcheront entre les éoliennes avec leurs filets. »

X    L’atterrage des câbles de 225 000 volts sur la plage de Caroual (profondeur dans le sable, effets sanitaires), à ces questions posées par le public, le représentant de RTE expose la réglementation et signale que les réponses seront apportées dans le dossier de demande d’autorisation.

X    Les études d’impact sur l’environnement  réalisées par le cabinet In Vivo. La méthodologie d’analyse environnementale utilisée est exposée par Monsieur Christophe Houise, Directeur du pôle Environnement chez In Vivo. Elle est basée sur des circuits en mer et des survols en avion, dont on déduit la quantité et la situation des différents animaux dans la baie, selon les saisons et par rapport à l’implantation géographique des éoliennes : par exemple, concernant l’avifaune, 60 espèces d’oiseaux ont été dénombrées, dont 40 protégées, soient 35 000 oiseaux. Un chiffre très inférieur à celui fourni par les associations ornithologiques.

A la remarque de la salle, qu’il s’agit d’un état des lieux, et non d’une étude d’impact, Monsieur Houise répond que des études d’impact ont été faites spécifiquement sur les nuisances sonores et infra-sonores, qu’il y aura une nuisance pour la faune sans matière à la mettre en péril, que ces résultats seront disponibles dans le dossier annexe à l’enquête publique à venir, comme le veut la règle.

X    Les boues de forage. Madame Caroline Piguet, Coordinatrice de l’équipe environnement d’Ailes Marines, a annoncé que les boues de forages seront rejetées dans la colonne d’eau et que les fonds marins seront recouverts par ces boues de plusieurs millimètres d’épaisseur. Une étude d’impact serait prévue et en cours, sans autre précision apportée. Sans être spécialiste, on peut faire l’hypothèse que cette agression envers la faune rampante et les bivalves va « stériliser » l’ensemble de la surface du projet, voire au delà selon les courants.

X    La visibilité des éoliennes. « L’impact visuel du projet est l’un des critères majeurs dans le choix d’implantation du parc éolien en mer de la Baie de Saint-Brieuc. En effet, de nombreux sites naturels remarquables bordent le littoral de la Baie. Pour Ailes Marines, l’objectif est double: intégrer le parc éolien dans le paysage et préserver le dynamisme du tourisme, qui représente le deuxième secteur économique dans le département. » Cette proclamation d’Ailes Marines sur son site explique probablement une volonté d’optimisation paysagère telle qu’aucune des 73 simulations réalisées ne représente la réalité de ce que la vision humaine verra si le projet se concrétise.