Un projet qui contrevient à toutes les lois et les conventions internationales que la France a signées

Tribune de Jean de La Motte de Broöns
Responsable du Groupe de travail Littoral de la SPPEF

La Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France (SPPEF) est une Association nationale qui se bat depuis 1901, pour la sauvegarde des Sites et des Monuments. Reconnue d’utilité publique dès 1936, agréée par le Ministère de l’environnement depuis 1978, elle s’est investie dans la mise en oeuvre d’une protection législative et réglementaire, comme la loi de 1913 sur les Monuments Historiques ou celle de 1986 sur Le littoral.

Mais depuis le Grenelle de l’Environnement, et surtout le développement de l’éolien à l’échelle industrielle, le massacre des paysages français s’accélère et c’est pourquoi la SPPEF a demandé au Gouvernement il y a 3 ans un moratoire sur tout nouveau projet éolien et la liste des recours de la SPPEF s’allonge : 46 depuis 2011, sans compter la participation à 11 recours contre les Schémas Régionaux Eoliens, dont 4 ont déjà été annulés par les T.A. C’est aussi pourquoi la SPPEF a décidé de créer un Groupe littoral et m’en a confié la responsabilité.

Que constatons–nous aujourd’hui ?

Nous avons une zone d’implantation du parc offshore, fixée par l’Etat sans aucune étude d’impact préalable, un débat public qui s’est tenu également sans études d’impact préalables, où la seule voix critique a été celle de la SPPEF, parlant également au nom de Gardez les Caps, face à un concert tonitruant d’élus de tous bords et tous favorables au projet d’Ailes Marines. Un projet qui contrevient à toutes les lois et les conventions internationales que la France a signées : loi sur l’eau, la biodiversité, la protection des oiseaux et des mammifères marins. Des textes qui sont modifies pour exonérer l’éolien de tout contrôle sur les infrasons et les ultrasons, pour permettre l’éolien terrestre à 1km du rivage et l’offshore à 11 km comme au Tréport, ou à St. Nazaire.

Nous avons une Administration qui ne répond même plus aux injonctions de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs, qui décide d’un impôt (la CSPE) sans même l’aval du Parlement, qui refuse la transparence, sous prétexte du secret des affaires, qui n’ose plus émettre d’opinion indépendante de celle du Préfet, qui lui, en toute logique est “aux ordres”. Dès lors, peut-on encore, parler de démocratie, sans même parler de la “démocratie participative” chère à Ségolène Royal. La Ministre est même allée jusqu’à parler de créer un Tribunal spécial pour l’éolien offshore. Un tribunal spécial, cela ne vous rappelle rien?

Alors, que faire ?

Adhérer à Gardez les Caps, ainsi qu’à la SPPEF, qui vous soutiendra dans les recours à venir.

Participer activement, et très nombreux, par milliers si possible, à l’enquête publique qui se déroulera en 2016.

Vérifier vos contrats d’assurance juridique ou en souscrire pour, le moment venu, être assistés financièrement dans vos démarches contentieuses.

Car nous ne pouvons, sans réagir, laisser les éoliennes en baie de Saint-Brieuc être source de pollution visuelle, de dégradation du paysage littoral et plus largement de l’environnement en perturbant notamment l’équilibre des fonds marins. En un mot : dégrader la beauté sans égale des espaces naturels et de notre cadre de vie.