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La bulle des énergies renouvelables, marché de 35 000 Milliards d’€ – Analyse de l’impact sur l’appel d’offres de la Baie de Saint-Brieuc

GARDEZ LES CAPS COMMUNIQUE DE PRESSE  du 26 novembre 2013

En 1997, l’Europe a ratifié le protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effets de  serre, se fixant l’objectif de réduire de 20% les rejets de CO2à l’horizon 2020, tandis que les principaux pays « pollueurs » refusaient de le signer. Si cet objectif est atteint, les dispositions européennes participeront au mieux, à une diminution du réchauffement climatique de 1 à 6 millièmes de degrés d’après les estimations faites en l’absence de chiffres officiels.

Le coût de la mise en œuvre du Protocole de Kyoto a été évalué par l’Agence Internationale de l’Energie à 45.000 Milliards de $ (environ 35.000 Milliards d’€uros), soit plus que la dette souveraine mondiale, ouvrant ainsi un marché colossal à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, marché qui a immédiatement attiré de nombreux financiers.

Bénéficiant de l’aide des Etats, des conglomérats se sont rapidement créés autour des secteurs dits « énergies renouvelables » ou « propres » voire « vertes » ou « intelligentes ». La précipitation dans les prises de décisions, l’insuffisance des connaissances, des études et des contrôles préalables participent à l’opacité des projets qui foisonnent, projets qui, par nature, sont d’ordres financiers avant d’être industriels.

En exemple, le projet éolien en Baie de Saint-Brieuc

1. Volet financier : un ensemble de petites structures vides à responsabilité limitée

Ailes Marines, une SAS au capital de 3.000 €uros pour un marché public de 7 à 8 Milliards d’€uros. Avec un capital de 3.000 € (difficile de faire moins), la SAS Ailes Marines, structure vide (0 salariés / 0 €uros de chiffre d’affaires) en perte de – 4 Millions d’€uros en 2011 et de -5.146 €uros en 2012, endettée de 14 Millions d’€uros (2012), s’est vue attribuer un marché de 7 à 8  Milliards d’€uros de chiffre d’affaires (estimation en €uros constants durant 20 ans) avec un investissement de 2 Milliards d’€uros.

Le statut de SAS présente la particularité de n’exiger aucun capital minimum, de limiter la responsabilité des associés aux apports et de leur laisser une grande liberté pour gérer la société sous réserve de quelques dispositions prévues par la loi.

Quels sont les actionnaires de la SAS Ailes Marines ? 
– Pour 70%, Eolia Mer du Nord SAS
Société par actions simplifiée à associé unique
Capital = 40 000 €
CA 2011 = 1 €
CA  2012 = 727 250 €
Pertes 2011 = – 4 Millions d’€uros
Pertes 2012 = – 255 000 €uros
Effectif  2012 : 0 salarié
Dettes 2012 : 11,526 Millions d’€uros dont 10,798 Millions proviennent d’une avance en compte courant d’Iberdrola Renovables France
L’actionnaire d’Eolia Mer du Nord SAS est Iberdrola Renovables Energia SA, de droit espagnol
L’actionnaire de Iberdrola Renovables Energia est Iberdrola SA

– Pour 30%, Eole Res SA
Capital = 10,8 Millions €
CA 2011 = 22,140 Millions €
CA 2012 =  23 Millions €
Pertes 2011 = 3,528 Millions €
Pertes 2012 = 5 Millions €
Effectifs 2012 = 110 salariés
Dettes 2012 = 42,5 Millions €
L’actionnaire d’Eole Res SA est Res Méditerranée SA
L’actionnaire de Res Méditérranée SA est Renewable Energy Systems Ltd et Renewable Energy Systems Holding Limited, sociétés de droit anglais

On notera que les actionnaires d’Ailes Marines s’autorisent des pertes et des dettes sans commune mesure avec leur capital ou leur chiffre d’affaires. Des mouvements de fond d’une société à une autre approvisionnent les comptes. Une chose est certaine, compte tenu des pertes, elles ne payent pas d’impôts et compte tenu des effectifs peu de charges sociales.

 Dans son dossier de présentation, la SAS Ailes Marines consacre quelques lignes au financement de la centrale éolienne : Extrait : « C’est la société Ailes Marines qui porte l’ensemble de l’investissement ». … « Ailes Marines prévoit que l’investissement sera assuré par ses actionnaires, IBERDROLA et EOLE-RES, au moyen d’une combinaison d’emprunts bancaires (80 % maximum) et de capitaux propres (20 % minimum) … » (pages 67).

Pour l’instant (bilan 2012), les capitaux propres d’Ailes Marines sont négatifs, – 2146 €, mais ses dettes s’élèvent à 13,995 Millions d’€uros !

Rappelons que l’attributaire et l’exploitant désigné dans l’appel d’offres est la SAS Ailes Marines au capital de 3.000€, sans aucun salarié à ce jour et qui peut disparaître du jour au lendemain, sans que les actionnaires ne soient inquiétés.

2. Volet industriel : des accords à géométrie variable

La notion de Consortium est mise en avant par le promoteur, appellation réglementée par aucun texte légal ou règlementaire, dont il est difficile d’appréhender la nature et le contenu. Dépourvu de personnalité morale, n’étant pas une société, un Consortium est géré en application d’une convention privée entre les parties prenantes.

En baie de Saint-Brieuc, le partenariat (Consortium) est constitué d’Areva, Technip, Neoen Marine Sas, STX et/ou Eiffage.

Concernant STX, la banque publique sud-coréenne Korean Development Bank, propriétaire à 66% du chantier naval de Saint-Nazaire, a annoncé son intention de mettre en vente STX Europe (Les Echos, 10 octobre 2013). Quelle sera la politique du ou des nouveaux actionnaires ? En attendant, STX  bénéficie d’un soutien du Conseil régional des Pays de la Loire pour ses recherches sur les fondations, domaine dans lequel STX n’a pas d’expérience.

Le choix des fondations des éoliennes (jackets, pieux, gravitaire) n’étant toujours pas fixé, les accords peuvent changer.

Enfin, les différentes entreprises parties prenantes se regroupent selon les opportunités : Neoen Marine est présente à Saint Brieuc avec Ailes Marines, mais également avec GDF Suez et EDP Renewables (société portugaise) pour le 2eme appel d’offres à venir.

 Qui finance, qui emploie, qui est responsable et de quoi ? Quelle est la nature des engagements ? Sur un marché saturé se renouvelant tous les 20 ans, les accords d’aujourd’hui ne seront pas ceux de demain.

3. Choix politiques et administratifs : des processus de décisions opaques

A. En baie de Saint-Brieuc 180 KM2 « favorables à l’éolien » : pour quelles raisons objectives ce site a-t-il été choisi ?

La baie de Saint-Brieuc serait-elle moins riche (écologie et paysages) que d’autres ? Non ! Au contraire ! Il suffit de regarder les apports et les valeurs débarquées des criées de la baie de Saint-Brieuc pour constater l’exceptionnelle richesse et diversité des fonds. Quant aux paysages, la réputation de la Côte d’Emeraude n’est plus à faire, le tourisme est la première activité côtière.

La baie de Saint-Brieuc possède-t-elle un « capital » vent particulièrement important par rapport aux autres régions françaises ? Non ! Contrairement à une idée reçue, la Bretagne, n’est pas la région française la plus venteuse. Le Languedoc-Roussillon est mieux exposé. Ajoutons que les 4 centrales françaises du premier appel d’offres, et les deux du second, sont situées dans la même zone géographique, donc soumises aux mêmes caprices du vent. L’idée de foisonnement avec les autres sites français et européens est illusoire, comme le démontre « Sauvons le Climat » (cf. Cahier d’acteur Débat public).

La structure géologique de la baie (terrains les plus anciens présents sur le territoire français) est-elle particulièrement adaptée à l’implantation d’éoliennes industrielles ? Si la réponse est oui, on devrait connaître le type de fondation définitivement retenu (jackets, pieux, gravitaire ?). Aujourd’hui, Ailes marines » refuse de s’engager. Pourquoi ?

Le positionnement de la centrale en baie Saint-Brieuc permettra-t-il de réduire le risque de « black-out » en Bretagne ? Non ! La cause principale du problème électrique breton est l’absence de bouclage entre ses deux antennes d’approvisionnement (lignes Nord Rennes-St Brieuc et Sud Nantes-Brest).

Ce projet industriel dynamisera-t-il le littoral ? Non ! Enlever une surface à la pêche c’est réduire d’autant les prises. Y implanter des câbles et des fondations, c’est perturber durablement l’écosystème. Transformer le paysage préservé de la baie (réserve, arrêtés de biotope, Natura 2000, espaces naturels sensibles, grands sites) en paysage industriel quand la recherche de paysages authentiques est le premier critère de choix des touristes, c’est réduire inévitablement la fréquentation touristique et ses retombées économiques.

Au final, aucun argument ne vient étayer sérieusement le choix des 180 Km2 en baie de Saint-Brieuc, choix imposé aux Côtes d’Armor sans concertation ni débat public préalable.

 B. Ailes Marines gagnant de l’appel d’offres : pour quelles raisons objectives cette société a-t-elle été choisie ?

Dans son rapport sur « La politique de développement des énergies renouvelables » présenté le 25 juillet 2013, la Cour des Comptes met en cause le choix d’Ailes Marines (page 66). La Cour y rappelle qu’une procédure d’appel d’offres doit être respectée. Extrait : « un cadre règlementaire garantissant la stricte égalité de traitement des candidats. Ainsi, les offres retenues sont celles qui sont les mieux notées à partir de critères transparents, objectifs ». (…) « Dans le cadre de l’appel d’offres de juillet 2011 relatif à l’éolien en mer, le site de Saint-Brieuc a été attribué à la société Ailes Marines SAS alors que la société Eolien Maritime France était mieux classée par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie). La DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat) proposait pour sa part une solution de remise en jeu du lot de Saint-Brieuc avec celui du Tréport qui n’avait pas été attribué mais elle n’a pas été non plus suivie par le Ministre   Elle a abouti à privilégier un candidat en dépit d’un prix plus élevé que celui proposé par EMF ». (EMF = Eolien Maritime France).

Les dés étaient « pipés » ! C’est en tout cas la conclusion de la Cour des Comptes.

 4. Le démantèlement et ses garanties : aucune réponse claire n’est fournie

Quelle sera la structure responsable du démantèlement de la centrale à la fin du cycle d’exploitation, ou en cas de défaillance durant les 20 ans d’exploitation : Ailes Marines ? Ses deux actionnaires Eolia Mer du Nord et Eole Res S.A au prorata de leurs apports ? Une structure plus en amont ? Aucune réponse n’apparait clairement dans le dossier de présentation d’Ailes Marines.

Le montant prévu pour assurer le démantèlement incluant les fondations est-il suffisant ?

En préalable, la réponse d’Ailes marines est la suivante : Extrait (Dossier présentation Ailes Marines) : « Il est important de souligner que le démantèlement (d’une centrale éolienne en mer) n’a jamais été effectué à ce jour ». Nous sommes rassurés … D’autant que le montant annoncé de 50 000 €minimum par MW installé (soit 25 Millions d’€uros pour 100 éoliennes de 5MW) ne saurait permettre une remise en l’état des lieux, et que la mise en place des garanties financières n’est pas d’une grande clarté.

Quelles sont les garanties financières demandées aux lauréats de l’appel d’offres pour le démantèlement : (Dossier d’Ailes marines page 115) Extrait : « Avant la mise en service de chaque tranche de l’installation, le candidat retenu doit transmettre au Préfet ayant délivré l’autorisation d’occupation du domaine public maritime un document attestant la constitution de garanties financières renouvelables pour la tranche considérée. La nature et le montant de ces garanties financières doivent permettre de couvrir les coûts du démantèlement et de la remise en état du site après exploitation, à hauteur du montant des travaux nécessaires que le candidat doit prévoir dans son offre. Ces travaux doivent permettre le retour du site à un état comparable à l’état initial, et compatible avec la pratique des activités préexistantes ». Ce coût devra être actualisé au moment du démantèlement (en 2040 au minimum).

Qui garantit les dépôts ? Une compagnie d’assurances? L’Etat ? Aujourd’hui Ailes Marines n’est qu’une SAS au capital de 3 000 €uros …

5. Les emplois havrais et brestois annoncés : des emplois suspendus à des marchés étrangers dans un secteur mondial en recul de 12%, où s’enchaînent pertes et licenciements

LES EMPLOIS ANNONCÉS ÀU HAVRE

Depuis trois ans, l’essor technologique et industriel de la Chine a sévèrement touché l’industrie européenne de fabrication d’éoliennes. Sur un marché mondial en baisse de 12%, l’ensemble de la filière des éoliennes industrielles est en surcapacité de production, entraînant de lourdes pertes et de sévères restructurations. Les principaux acteurs licencient.

– Le leader danois Vestas (un milliard de pertes cumulées en 2011 et 2012, -213 Millions d’€uros au 1er semestre 2013), a licencié plus de 6 000 personnes et envisage de fermer l’usine de nacelles de Taranto en Italie (120 personnes).

– L’espagnol Gamesa vient de supprimer 1 800 emplois.

– L’allemand Siemens prévoit la suppression de 15 000 emplois en 2014, dont 5 000 en Allemagne.

La pérennité, peut-être même la création, des 750 emplois promis par Areva (et non pas Ailes Marines) dans son usine du Havre (capacité de production de 100 éoliennes par an), dépend de nouveaux contrats à l’exportation qui sont entièrement hypothétiques, sachant que dans le même temps, Areva promet de construire une usine au Royaume Uni …

LES EMPLOIS ANNONCÉS À BREST

Lors de la réunion du Débat public à Erquy, STX (et non pas Ailes Marines) s’est engagé à ce que les fondations métalliques de type Jackets que STX pourrait construire, soient fabriquées pour partie à Brest, ainsi que leur assemblage final et l’assemblage de la sous-station électrique.

Pour permettre cet assemblage, près de 180 Millions d’€uros vont être investis dans l’aménagement des 36 hectares du polder du Port de Brest. La Région Bretagne est propriétaire du port ; la CCI en est le concessionnaire. Cet investissement représente des équipements qui doivent être disponibles au dernier trimestre 2016. La dernière étape, en 2017, prévoit la construction d’un quai permettant d’accueillir d’autres pièces plus lourdes, nécessaires à l’éolien flottant … Le seul marché des fondations Jackets pour les 100 éoliennes de Saint-Brieuc n’étant pas suffisant, la pérennité des emplois brestois, dépend de la capacité du sous-traitant (STX ou Eiffage) à exporter cette technologie vers d’autres sites français ou au Royaume-Uni. Hors, bien que la question ait été posée lors du Débat public, Ailes Marines ne s’engage toujours pas sur la nature réelle des futures fondations ; il n’apparait pas non plus qu’Ailes marines ait gagné de nouveaux projets avec des fondations Jackets.

La pérennité des 500 emplois brestois semble donc compromise avant même de débuter, d’autant plus que l’existence même de STX (société coréenne) est remise en question.

Dans un marché global saturé avec une forte pression sur les prix, la fin des barrières technologiques qui permet de nouveaux entrants sur le marché, comment tenir les promesses brestoises et havraises ?

Soulignons enfin, qu’aucun des emplois n’est promis par Ailes Marines, lauréat de l’appel d’offres, mais par ses partenaires industriels qui sont extérieurs juridiquement au projet.

6. Les emplois de maintenance annoncés : d’un faux suspense à une inconnue

Dès février 2013, personne ne pouvait ignorer que Saint-Quay-Portrieux serait le futur port de maintenance. Pour une fois (la seule ?) les critères annoncés par Ailes Marines étaient relativement clairs et complets. Pourquoi avoir attendu septembre pour révéler ce que tout le monde savait, tout en faisant semblant de ne pas savoir ? D’une façon évidente, ne pas dévoiler une décision déjà prise permettait d’éviter toute opposition durant le Débat public. Tant que la décision n’était pas officielle, les soupirants et aspirants ne pouvaient que soutenir le projet.

Les 140 emplois promis seront-ils créés ? (20 marins, 100 techniciens, 20 superviseurs chargés du suivi de production). Quel que soit le site, la maintenance d’éoliennes n’est pas grosse pourvoyeuse d’emplois. A titre de comparaison, un supermarché génère environ 300 emplois.

Si les 20 marins ont pour vocation de résider sur place, qu’en est-il des 120 autres salariés ? Areva regrouperait en un seul centre le suivi informatique de ses différents parcs éoliens offshore à la condition d’obtenir d’autres marchés.

Faute de nouveaux marchés, les promesses ne seront pas tenues. Elles le seront d’autant moins que les autres sites, dont le Royaume-Uni, souhaitent légitimement, employer une main d’œuvre locale.

7. Le tourisme annoncé, « vert, industriel ». Prépare-t-on une nouvelle identité touristique pour le pays de Saint-Brieuc : Visites d’usines éoliennes, effluves d’algues vertes !

Extrait : « Ailes Marines s’est appuyée sur des structures (…) comme l’Office de tourisme de la Baie de Saint-Brieuc et le Comité Départemental de Tourisme des Côtes-d’Armor, pour mieux appréhender les enjeux du secteur. Visible depuis le littoral et les bateaux, le parc éolien en mer de la Baie de Saint-Brieuc peut éveiller une forme de curiosité du public à l’égard de ce nouvel élément du paysage. Une réflexion a donc été engagée autour du développement du tourisme ludo-scientifique et d’une activité susceptible d’émerger : le « tourisme vert industriel ».

Après avoir nié d’une façon éhontée la visibilité des éoliennes depuis la côte, Ailes Marines propose l´aménagement de belvédères avec vue sur les éoliennes ainsi que des excursions en bateau permettant d’approcher l’usine.

L’idée du développement touristique de la baie Saint-Brieuc par « un nouveau tourisme de visites des éoliennes » frise le canular. Elle nait d’instances touristiques locales qui peinent à inventer des justifications, proposent un projet de territoire farfelu, en contradiction évidente avec ce que le Département souhaite réaliser par ailleurs (Grand site – L’esprit des lieux – Parc naturel, Parc marin). Comme dernière campagne nationale de promotion des Côtes d’Armor, ces mêmes instances ont concocté ce judicieux message «  Ailleurs c’est tout à côté » … Nous pouvons les croire, les touristes iront effectivement voir ailleurs !

8. Les études d’impacts définies, financées, publiées par Ailes Marines, leurs résultats seront connus 2 ans après la clôture du Débat public

Toutes les études d’impact sont gérées et financées par Ailes marines. Nous avons demandé par écrit au Débat public, une expertise des protocoles scientifiques retenus : sont-ils adaptés aux lieux et aux questions qui se posent ?

Le Débat public n’a pas donné suite à cette question qui reste ouverte : pouvons-nous accepter les résultats d’études dont les méthodes n’ont pas été validées par un organisme scientifique indépendant ? Pouvons-nous accepter des résultats payés par Ailes marines, sans expertise contradictoire ?

 9. La volonté de négation de l’impact paysager et de la transformation irréversible de l’identité paysagère actuelle

Deux études paysagères ont été présentées pendant le Débat public :

– l’une par Ailes marines : sur les 22 simulations produites, 20 ont été réalisées avec des prises de vues photographiques faites quand la visibilité est inférieure à la distance des éoliennes. L’honnêteté aurait été de prendre la visibilité normale des mois de mai à août, période de bonne visibilité et durant laquelle il y a le plus de touristes.

l’autre, financée par le Débat public, a été réalisée à partir d’un logiciel d’apprentissage de la navigation. Elle ressemble à un jeu informatique, elle est impossible à exploiter.

Rappelons qu’Exceltys, cabinet d’études pour le développement durable mandaté par la CCI des Côtes d’Armor, a écrit dans son bulletin Synthèse N°5 du 11 mai 2011 :

« Impacts négatifs.

La proximité des sites d’Erquy et du Cap Fréhel (Zonage Natura 2000) avec le parc éolien offshore, peut être considérée comme difficilement compatible.

De plus, l’impact visuel peut dégrader la perception du paysage.

Enfin, le projet peut engendrer des conflits d’usage sur les espaces marins et côtiers.

La communication doit donc minimiser les impacts négatifs au profit du développement local. »

Force est de constater qu’aucun des acteurs n’a le souci d’une communication transparente : certains masquent la vérité, d’autres la transforme, les troisièmes conseillent de minimiser. Qu’en sera-t-il des études d’impact en cours ?

10 – Le vol de la démocratie, l’absence de concertation

Au final, dissimulations, inexactitudes, réponses floues, absence de concertation démocratique, rythment l’avancement du projet éolien en Baie de Saint-Brieuc.

Le 5 juillet dernier, Ouest France s’interrogeait : « Parc éolien, le débat public est-il biaisé ? » Oui, le débat public est biaisé quand :

  • Le débat est programmé après que les décisions majeures aient déjà été prises par l’Etat (choix du site, décision d’implantation), et avant que les études d’impact (économiques, fonds marins, écosystème, paysages) aient été réalisées.
  • L’information sur le projet n’est pas diffusée à l’ensemble de la population littorale concernée.
  • La communication vers le public est systématiquement tronquée, le manque de transparence est chronique.
  • Les simulations des impacts paysagers ne visent qu’à masquer l’impact visuel réel des éoliennes.
  • Les règles de protection de sites remarquables et d’écosystèmes exceptionnels sont bafouées.
  • Les activités économiques existantes (pêche, tourisme) sont remises en cause sans qu’une grande partie de leurs principaux acteurs (hôteliers, commerçants …) en soient même informés.

Sans véritable contrepartie, au profit de financiers, on transforme en zone industrielle, un patrimoine collectif emblématique qui porte l’identité des Côtes d’Armor et de la Bretagne. Les bretons, la Bretagne, les Côtes d’Armor méritent-ils ces décisions administratives centralisées qui leur imposent périodiquement le développement de processus industriels bas de gamme au mépris de leur capacité à créer leur propre valeur ajoutée ? La mer a toujours été pour la Bretagne une source d’innovation et de développement économique, mais le projet éolien de la baie de Saint-Brieuc ne représente pas le futur industriel breton.  Massacrant l’écosystème de la baie, l’économie locale, le cadre de vie de ses habitants, il est un exemple supplémentaire du productivisme imposé à la Bretagne au mépris de ses potentialités.

Energies renouvelables, la Cour des Comptes épingle sévèrement l’Etat

GARDEZ les CAPS COMMUNIQUE DE PRESSE du 18 octobre 2013

Énergies renouvelables, Éolien, la Cour des Comptes se livre à un véritable réquisitoire et épingle sévèrement l’Etat.

L’attribution du projet de parc éolien offshore en Baie de Saint-Brieuc à Ailes Marines est pointée comme « pipée ».

Dans son dernier rapport sur la politique de développement des énergies renouvelables,  la Cour des Comptes dresse le bilan de l’éolien en France et livre un réquisitoire d’une rare sévérité à l’encontre des projets d’usines éoliennes en mer.

L’analyse de la Cour des Comptes révèle un appel d’offres truqué, des risques non évalués, des rythmes de coûts qui s’accélèrent, des tarifs explosifs, des emplois illusoires, des études d’impact inexistantes. L’attribution à Ailes Marines du projet de parc éolien offshore en baie de Saint-Brieuc est épinglée.

La lecture des titres de chapitres du rapport de la Cour des Comptes « La politique de développement des énergies renouvelables » suffit pour mesurer l’ampleur de la critique faite par une institution au langage ordinairement mesuré.

Objectifs, production réelle, coûts, politiques de soutien, réalité des emplois créés, déstabilisation du marché de l’électricité et des réseaux d’acheminement, augmentation des émissions de CO2 etc., la charge est sévère, et démontre que les décisions sont prises sans aucune visibilité énergétique, financière, économique, environnementale (1).

(1) L’aspect environnemental (faune, flore, milieu aquatique, paysages) n’entre pas dans les attributions de la Cour des Comptes dont le rôle est de contrôler le bon emploi et la bonne gestion des fonds publics. Il est soulevé mais non étudié. Personne ne l’étudie d’ailleurs, sauf les promoteurs des projets à qui l’Etat délègue cette tâche …

Voici un florilège non exhaustif des 241 pages de ce rapport consacré aux énergies renouvelables et à l’éolien industriel en mer dont le projet en baie de Saint-Brieuc, rapport que politiques, décideurs, élus, devraient lire pour décider en toute connaissance de cause.

Des décisions prises sans visibilité 

 « Alors qu’il engage la collectivité sur des sujets financièrement très lourds … l’Etat ne dispose que d’informations lacunaires et dispersées sur les coûts de production … Ce déficit d’expertise place l’Etat dans une position d’asymétrie d’informations vis-à-vis des industriels qui peut être source de dérive des dépenses et de situation de rente pour certains investisseurs … »  (p.63,64)

Constat qui prend tout son sens à la lecture du premier appel d’offres Eolien en mer lancé par l’Etat : aucune spécification technique, ni contrôle, ceux-ci sont laissés « aux bons soins » de l’exploitant !

Eolien Offshore : «…  tous les acteurs s’accordent à considérer que les incertitudes techniques des projets sont élevées et se caractérisent par un niveau de risque moins maitrisé, notamment en raison de la diversité des fonds marins et des contraintes liées à ce milieu. » (p.43)

L‘éolienne M 5000-135 d’AREVA Wind GMBH prévue pour Saint-Brieuc est le modèle boosté (pales agrandies) de la M-5000-116. Ce nouveau modèle qui balaiera une surface de 14 314 m2 (près de 1,5 hectare) n’existe qu’en prototype. On ne sait toujours pas aujourd’hui si les fondations seront des Jackets ou des Pieux ce qui impacte fortement les coûts mais aussi l’environnement et l’emploi.

Les appels d’offres : « une procédure parfois non justifiée, pas toujours efficace et aux effets déstabilisants » (titre du paragraphe B.2 p.51)

« Ainsi l’appel d’offres lancé en 2011 pour développer les parcs éoliens en mer n’a pas réuni les meilleures conditions pour limiter les prix … En outre, le prix de référence, publié dans l’appel d’offres, n’a pas été respecté pour trois des quatre sites concernés ». (p.52)

La Cour des comptes rappelle qu’une procédure d’appel d’offres doit respecter « un cadre règlementaire garantissant la stricte égalité de traitement des candidats. Ainsi, les offres retenues sont celles qui sont les mieux notées à partir de critères transparents, objectifs … »

L’attribution de la zone de Saint-Brieuc à Ailes Marines

« …Dans le cadre de l’appel d’offres de juillet 2011 relatif à l’éolien en mer, le site de Saint-Brieuc a été attribué à la société Ailes Marines SAS recourant aux turbines d’AREVA (1) alors que la société Eolien Maritime France (2) était mieux classée par la CRE (Commission de Régulation de l’Energie). La DGEC (Direction Générale de l’Energie et du Climat) proposait pour sa part une solution de remise en jeu du lot de Saint-Brieuc avec celui du Tréport, qui n’avait pas été attribué, mais elle n’a pas été non plus suivie par le Ministre. L’option retenue visait à donner la possibilité à AREVA de maintenir un programme industriel autour du Havre avec l’espoir de se repositionner sur un deuxième appel d’offres étendu au Tréport. Elle a abouti à privilégier un candidat en dépit d’un prix plus élevé que celui proposé par EMF. » (p.66)

Ce paragraphe éclaire la raison du refus de l’Etat et d’Ailes Marines de dévoiler le prix de vente de l’électricité négocié pour l’appel d’offres de Saint-Brieuc. Il permet également de comprendre le recours contentieux déposé devant le tribunal de Rennes par le concurrent d’Ailes Marines évincé, Nass & Wind Offshore.

Cela signifie également que les emplois promis par Ailes Marines et AREVA dépendent de l’obtention de marchés futurs, hypothétiques pour l’instant.

Et aussi que pour le deuxième appel d’offres, le Tréport à nouveau (500 MW sur 110 km2) et la zone près des îles d’Yeu et de Noirmoutier (480 MW sur 79km2), soit les résultats seront encore « pipés », soit les promesses d’emploi d’Ailes Marines/AREVA se réduiront comme peau de chagrin.

(1) Iberdrola, énergéticien espagnol, et EOLE-RES SA d’origine anglaise – éoliennes fournies par AREVA

(2) EDF Energies Nouvelles et Dong Energy Power (Danemark) – éoliennes fournies par ALSTOM

Le calcul des coûts

« En outre, les calculs sont réalisés avec des hypothèses de facteurs de charges qui se situent systématiquement à la limite supérieure de ce qui est techniquement possible pour les installations. » (p.41)

Le taux de production annoncé par Ailes Marines (36% de la capacité installée) relève de ce mode de calcul : à ce jour, aucune centrale offshore n’a atteint ce pourcentage qui de plus omet les pertes dues à la transformation du voltage du courant émis par les éoliennes, etc.

« En revanche, … ils [les calculs] ne tiennent pas compte des coûts fiscaux (dispositifs divers 1,306 Md€ en moyenne annuelle 2005/2011– p.87), des coûts de recherche (200 M€/an 2012 – p.89), ou encore des coûts induits par l’adaptation des réseaux de transport et de distribution (p.96), etc. »

La Cour des Comptes constate que l’ensemble des coûts n’a jamais été additionné, si tant est qu’on puisse les connaitre :

La politique de soutien (fiscalité à la charge du contribuable). « Le coût total de la politique de soutien est estimé à « 14,307Milliards d’€ pour l’ensemble des énergies renouvelables » (p.121) et à « 1,338 Milliards d’€ pour l’éolien » pour la période 2005/2011. » (p.94)

La Cour des Comptes note que le rythme des coûts s’accélère : environ 4 fois plus en 2011 qu’en 2005 (p.95 voir les chiffres).

L’obligation de rachat par EDF de l’électricité produite : CSPE  à la charge du consommateur. « Mais cette progression du soutien apparaît encore comme limitée au regard de celle enregistrée par la seule CSPE en 2012 et 2013 selon la CRE …. respectivement 2,2 Md€ et 3 Md€…. le volume global de la CSPE liée aux énergies renouvelables peut être estimé à environ 40,5 Milliards d’€ pour la période 2012/2020 contre 3,3 Milliards d’€ pour la période 2005/2011. » (p.95)

Les dépenses des collectivités locales impossibles à estimer« Il n’existe aucun suivi centralisé des actions menées au niveau local en faveur des énergies renouvelables, ni de leur coût. Le recensement de toutes les actions et dépenses publiques des collectivités locales dans ce domaine n’est pas possible …. »  (p.94)

Les centrales thermiques de back up dont le coût n’a toujours pas été estimé«… Aucune étude sérieuse sur le besoin de développement des centrales thermiques (fioul, gaz, charbon) n’a encore été menée permettant d’estimer pour la France le coût des unités de back up induites par le développement des énergies renouvelables. » (p.77)

Seule l’UFE dans son rapport « Electricité 2030 » a donné une estimation du nombre de centrales thermiques à gaz ou à charbon nécessaires à horizon 2030 soit entre 30 à 50 selon les scénarios.

Les coûts d’adaptation du réseau et une technologie qui reste à inventer« Les coûts globaux d’intégration aux réseaux sont à préciser » (titre du paragraphe B-1 p.96)

Faute d’estimations fiables, la Cour des Comptes se raccroche aux données chiffrées de l’Allemagne : « L’Allemagne doit, en effet, faire face à des investissements indispensables d’ici 2022 dans les réseaux pour un montant évalué par les gestionnaires entre 19 et 23 Milliards d’€ sans compter le coût du raccordement des parcs éoliens en mer estimés à 12 Milliards d’€. » (p.97)

« Or les responsables de réseaux ne disposent pas aujourd’hui de dispositifs permettant de commander les installations d’énergies renouvelables. Ces outils sont encore en phase expérimentale. » (p.78)

«… par ailleurs, l’intégration des énergies renouvelables dans les réseaux nécessite un système de gestion qui reste à inventer. » (p.113)

« La réflexion sur l’évolution des réseaux doit donc être menée … avant même d’envisager une augmentation massive du recours aux productions électriques renouvelables. » (p.114)

« Besoin de lignes supplémentaires très haute tension, etc. » (p79)

Il semble que seule la Cour des Comptes ait tenté de faire des additions, tâche qu’elle n’a pas pu mener à bien. Outre la « rentabilité » en terme investissements/résultats, la faisabilité est remise en cause. D’où cette réflexion sur les projets éoliens en mer :

« Dans la mesure où la France dispose d’un potentiel éolien terrestre élevé et où ils reposent sur un pari industriel coûteux, les projets d’éoliennes en mer auraient pu attendre la réalisation d’études économiques et techniques abouties. » (p.117)

Les tarifs d’achat  « … fixés par arrêté et en décalage avec le cadre légal » (p.50)

« Les pouvoirs publics courent le risque d’offrir des rémunérations excessives aux producteurs et de déséquilibrer les marchés par des tarifs administrés déconnectés des coûts ».

« La déstabilisation du Marché électrique » (Titre Chapitre II.A p.99) : «  ….la raison de ces différentes anomalies [injection obligatoire sur les réseaux de l’électricité produite par les ENR, d’où un prix parfois négatif quand nous exportons une surcapacité (nous payons pour que d’autres pays utilisent la production inutile), non rentabilité de certaines centrales à gaz indispensables pour le Back up mais utilisées en appoint …] résident principalement dans le fait que les producteurs d’ENR ne sont pas soumis aux fluctuations du prix du Marché puisque le prix d’achat de leur électricité est garanti. »

Les impacts socio économiques, l’emploi

« La faiblesse d’expertise de l’Etat se retrouve également dans sa capacité à connaître l’impact socio économique des décisions prises. Cela peut le conduire à lancer des projets très coûteux pour la collectivité et les consommateurs sans que les bénéfices attendus ne se produisent. » (p.65)

« Les évaluations économiques ne sont pas aujourd’hui réalisées et ne peuvent donc éclairer la décision publique » (p.65).

« Le seul recensement des emplois directs semble problématique ». (p.64)

Eolien en mer : « Ainsi par exemple, la décision de développer une filière éolienne en mer a été justifiée par les perspectives en termes d’exportation et de création d’emplois. Or, à l’exception d’une étude demandée à un cabinet de conseil, elle ne s’est appuyée sur aucune évaluation économique portant sur l’emploi induit, le développement industriel à long terme, sur les marchés français mais aussi britanniques pourtant présentés comme complémentaires… Le coût pour le consommateur (hors contribuable) des projets attribués à l’issue du 1er appel d’offres est pourtant estimé par la CRE à 1 Milliard d’€ par an pendant 20 ans, soit 20 Milliards d’€ » (p.65)

« L’éolien en mer, un pari industriel risqué » (titre paragraphe 2 p.102)

« Les capacités industrielles d’AREVA (Saint-Brieuc – Construction usine au Havre) et d’ALSTOM (Fécamp, Courseulles et Saint-Nazaire – Construction usine à Brest) devraient osciller entre 50 et 100 turbines par an mais l’activité générée (2 à 3 ans) par le 1er appel d’offres ne suffira pas pour rentabiliser les usines construites. La réalisation de l’objectif [de l’Etat] 6 GW [éolien en mer] à horizon 2020 n’amènerait au mieux que 4 à 6 années de plan de charge. Les investissements à réaliser ne seront donc rentables que si des marchés en Manche et Mer du Nord sont accessibles à l’exportation.

La Grande-Bretagne se propose de développer fortement l’éolien en mer en assurant un développement industriel sur son territoire

La politique de soutien du gouvernement anglais a toutefois récemment été revue à la baisse et certains projets industriels ont été abandonnés.

Si les perspectives sur le marché britannique n’aboutissent pas, de nouveaux appels d’offres, financés par une augmentation de la CSPE risquent d’apparaître comme la seule solution pour maintenir le plan de charge des usines françaises. » (p103)

« A moyen terme les estimations d’emplois créés par l’éolien en mer ne peuvent être validées ni par l’Etat ni par la Cour. …. Aucune étude n’a été menée permettant de valider les chiffres [des plans de charge donnés par les industriels] et d’affirmer qu’il s’agira de création ou de redéploiement d’emplois locaux. » (p105).

« Enfin de façon générale, les conséquences du développement des ENR sur l’emploi en France sont modestes et le suivi qui en est fait aujourd’hui ne permet pas de faire la part entre création et redistribution des emplois » (p120).

« …. de sorte qu’on peut difficilement évaluer si la politique [de soutien au sens large] a des effets négatifs ou pas sur l’emploi. » (p 106)

Un rapport public que chacun peut lire, accessible en ligne sur le site internet de la Cour des comptes et des chambres régionales et territoriales des comptes

« C’est un grand tort d’avoir raison avant tout le monde » (Edgar Faure) comme nous avons pu le constater lorsque nous contestions la pertinence des choix et des chiffres annoncés (production, emplois, coûts/efficacité etc ). Sur le fond, nous ne nous réjouissons pas d’être confortés en tout point par la Cour des Comptes.

Malheureusement « Une erreur ne devient pas une vérité, parce que tout le monde y croit » (Raymond Aron) ou veut y croire.

Calendrier – les différentes étapes 2013 à 2018

Centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc


Calendrier des mois à venir

(Source : Appel d’Offres – Ministère du Développement durable
& Instance de concertation et de suivi éolien – Préfecture des Côtes d’Armor)

 

Prochaine étape importante : L’enquête publique

           Le débat Pubic est terminé : en attente du rapport final de la commission. 

               Octobre 2013

                    Confirmation du lauréat de sa volonté de poursuivre le projet.

 Avril  2012  à  Avril 2014

      Etudes d’impacts sur l’environnement et les activités économiques

           Avril 2014    à   Avril 2015

               Enquête Publique

               Autorisations d’occupation du domaine public maritime et loi sur l’eau

                       Avril 2015   à   Fin 2018

                          Travaux

                                Fin 2018

                                       Début de production

 

Rien n’est encore définitif :

  Les études de faisabilité ne sont pas terminées,

  Les propositions de l’industriel n’ont pas été confirmées par le Ministère

  Les études d’impact ne sont pas faites,

  L’autorisation d’occupation du domaine maritime n’est pas donnée,

  Le début des travaux n’est prévu qu’en Avril 2015.

 

Ce projet peut être remis en cause.

Nous devons manifester nos critiques, nos inquiétudes, notre opposition lors de l’enquête publique.

 

Rappelons qu’il reste encore 800 éoliennes Offshore à implanter en France pour réaliser les objectifs du Grenelle de l’environnement.

Rappelons aussi qu’en Baie de Saint-Brieuc, la surface totale favorable aux éoliennes est de 180Km2 dont  80 km2 ont été attribués dans la cadre du premier appel d’offres (Un repère : la surface de Paris intra-muros est de 105 Km2).
Calendrier de réalisation de la centrale éolienne

Enfin! la Presse et la Télévision semblent sortir doucement de leur léthargie.

 

Vous trouverez, ci dessous, un article paru dans le Nouvel Observateur résumant une émission diffusée par Arte (que vous pouvez visionner sur le site d’Arte). Cet article présente l’avantage de montrer l’absurdité du système en règle générale et, pour la première fois, met en avant l’envergure d’un lobbying financier qui surfe sur la crédulité générale qu’il a, d’ailleurs, contribué à créer. Le Monde diplomatique (mai 2013) a publié, également, un ensemble d’articles intéressants qui tendent à démontrer que les énergies renouvelables ne sont qu’un alibi pour la privatisation de l’énergie en Europe. En y réfléchissant et avec ce que nous connaissons maintenant de ce marché, effectivement ….

En Belgique, la prolifération éolienne commence à rencontrer une opposition massive.

Enfin, il est assez drôle de noter qu’un article écrit par l’association Neny (Non aux éoliennes entre Noirmoutier et Yeu) et publié par Le Marin (avril 2013) a déclenché une réponse des « Huiles » de l’industrie éolienne (président syndicat…) qui ont tenu exactement le même discours que celui de nos amis « Ailes Marines » : même formules, mêmes phrases… Vive la communication de Groupe et que chacun l’apprenne par coeur !

 

 

Article Nouvel Obs - emission Arte - l'imposture verte - 28

Débat Public : Eolien en Baie de Saint-Brieuc

Deux réunions générales du Débat public ont déjà eu lieu :

– le 28 mars à Saint-Brieuc

– le 10 avril à Matignon.où nous sommes intervenus

La prochaine se tiendra le 25 avril à Saint-Quay Portrieux.

Il y a beaucoup à dire sur l’intérêt du Débat Public, son fonctionnement  etc .. nous vous en reparlerons.

Néanmoins, nous avons estimé que la politique de la chaise vide n’était pas non plus une bonne solution.

 

En attendant , si vous n’avez pu assister à la réunion de Matignon :

– Vous pouvez la visualiser en video (avec l’intervention de Gardez les Caps) :

http://www.debatpublic-eoliennesenmer22.org/informer/matignon-10-avril-2013.html link

– Vous pouvez consulter les diapositives supports de notre intervention : http://www.debatpublic-eoliennesenmer22.org/docs/pdf-rp/reunion-100413/presentation-gardez-les-caps.pdf
link

 

La prochaine réunion à laquelle nous interviendrons aura lieu le 17 juillet au Val-André sur le thème du Paysage.

 

 

 

 

 

 

Le bruit tue les coquilles Saint-Jacques

Le Figaro publie aujourd’hui (16/01/2013) un article intitulé « Le bruit fait des ravages sur les espèces marines » (page 13 – Rubrique Sciences).

En résumé : il résulte de différentes études scientifiques, prises d’ailleurs très au sérieux par les instances européennes, que le bruit des bateaux mais aussi des forages et des éoliennes offshore tue, par perturbations acoustiques (et donc pertes de repères pour les animaux qui n’arrivent plus à se nourrir) non seulement les mammifères mais aussi les autres espèces et notamment les mollusques.
Là où cela devient encore plus intéressant pour nous et pour les pêcheurs en baie de Saint-Brieuc, comment les scientifiques s’en sont ils aperçus ?

« En australie, des fermes d’élevage de coquilles Saint-Jacques ont appelé à la rescousse des scientifiques afin d’essayer de déterminer les causes de grands épisodes de mortalité. Comme dans beaucoup d’endroits, ils ont d’abord regardé du côté de la pollution chimique ou des épidémies mais en vain. Jusqu’au jour où ils se sont rendus compte que ces vagues de mortalité intervenaient quelques jours après des prospections sismiques (des ondes émises dans le sol lors de forage notamment) menées plus au large. » (sic) ultra-pure green coffee product called perfect green coffee

En avant pour 2013 !

Tout d’abord, nous vous présentons nos vœux les plus sincères pour cette nouvelle année. Qu’elle vous apporte tout ce que vous pouvez souhaiter et même plus… Soyons ambitieux !

 

Pour notre part parmi les bonnes résolutions 2013, figure, entre autre, l’apprentissage de l’outil « Blog » afin de vous donner plus souvent des informations.

Pour vous prouver qu’il ne s’agit pas que de bonnes intentions, vous trouverez des nouvelles simulations que nous avons fait réaliser avec des outils informatiques plus performants et prenant en compte le schéma d’implantation des éoliennes tel qu’il est défini aujourd’hui (alignement, espacement etc.), vous pouvez les voir en cliquant ici

 

 

Avant de les consulter, nous vous soumettons la Synthèse N°5 Mairie d’ErquyMadame Guervilly – de la société Exceltys, Cabinet Conseil œuvrant pour la Chambre de Commerce et d’Industrie des Côtes d’Armor où il est spécifié (conf encadré rouge) que la communication doit minimiser les impacts négatifs dont les impacts paysagers et les conflits d’usage sur les aspects marins et côtiers  au profit du caractère novateur du projet…etc (preuve avec les liens ci-dessous – la main dans le sac).
 Synthèse N°5 Mairie d’ErquyMadame Guervilly – page 1
 Synthèse N°5 Mairie d’ErquyMadame Guervilly – page 2

 

 

Nous vous proposons également une petite lecture de ce texte qui est un véritable petit bijou (Il y a une quinzaine d’études et/ou synthèses existantes en provenance d’Exceltys que vous pouvez consulter – encore ! – sur Internet).

 

–    Après avoir constaté que le tourisme est l’activité structurante du département, que la clientèle, venant très régulièrement, plutôt aisée, plébiscite la beauté des lieux avec comme activité principale la Ballade (74%) etc. (voir également Etude sur tourisme)

 

–    Nos Conseils préconisent une nouvelle forme de tourisme qui apparait pertinente : le Tourisme industriel qui pourrait toucher une nouvelle clientèle constituée :

 des professionnels de l’éolien offshore (sic !!, ils aiment tellement les éoliennes qu’ils reviennent les voir le week-end et l’été en famille ! Ca c’est de la conscience professionnelle !),

des publics scolaires (notez le pluriel. Malheureusement pour les marchands de glace, l’été il n’y a pas école(s))

  et enfin… du grand public (sur lequel nos Conseils n’insistent pas trop ? Ca ne doit pas être novateur, ni pertinent ? )

 

–    Les visites pourraient aborder différents thèmes autour de l’environnement du parc éolien…

 

les sites naturels classés à proximité (Après la visite du monument principal, c’est à dire le Parc et ses jardins, le thème de la banlieue périphérique pourrait être abordé), 

 les enjeux énergétiques du parc (sur ce thème nous demandons officiellement à l’office du tourisme de bien vouloir nous confier la rédaction du texte de la visite).

ou encore les incidences environnementales et paysagères du parc  ( L’organisation de conférences sur l’ampleur du désastre avec constatation de visu comme nouvelle forme de développement proposé par la chambre de Commerce et d’industrie! Ce ne serait pas écrit Noir sur Blanc, personne ne voudrait y croire ….)

 

Enfin, l’apothéose, le bouquet final, la Conclusion :

 

Cette nouvelle forme de tourisme apparaît pertinente vis-à-vis de l’évolution de la demande touristique qui se tourne de plus en plus vers le bien-être et la qualité de vie sur les sites touristiques (constater les incidences environnementales et paysagères d’une centrale électrique répondrait à une nouvelle demande touristique tournée vers le bien-être ??? Vous comprenez quelque chose ?

Bon sang mais c’est bien sûr ! nous nous sommes trompés depuis le début, c’est un centre de Thalasso nouvelle formule qu’ils veulent développer! Un jardin des délices, éclairé jour et nuit, garni d’immenses parasols avec, au centre, une station sur pilotis dédiée au bien-être, au retour sur soi. Les valeurs hédonistes des hôtes sont préservées grâce à un réseau, enfoui dans le sol, qui évacue les tensions mais aussi veille à ce qu’aucune intrusion étrangère (poissons, bateaux, etc.) ne vienne violer ce sanctuaire dédié au bonheur de ses nouveaux propriétaires. Que nous sommes bêtes !

 

 

Gardez les caps

Plateforme de forage & emplois de maintenance

Impact visuel, fondations et emplois de maintenance

 

I. Une plateforme exploratoire de 50 mètres de haut donne un avant goût de l’impact visuel de 100 éoliennes de 170 mètres de haut accompagnées de la sous-centrale électrique liée.

 

Les jours derniers, chacun a pu découvrir, stationnée au large du Cap Fréhel, la plateforme opérant les carottages nécessaires à la connaissance du sous sol de la zone retenue pour le projet éolien : 50 mètres de haut à comparer aux 170 mètres des éoliennes et à la sous-centrale électrique liée prévues.

 

 

 

Trois réflexions au sujet de la plateforme :

 

– Etude de faisabilité et non pas démarrage des travaux : Les études actuellement menées font partie de la période dite de « levée des risques » qui s’étalera jusqu’en octobre 2013. Elle a pour but de permettre au lauréat de l’appel d’offres, Ailes Marines, de valider son projet et ses propositions (sur la base desquelles il a remporté l’appel d’offres !). En même temps, et ce jusqu’en avril 2014, se déroulera la période des études d’impacts (menées par le lauréat !).

Aujourd’hui, il s’agit d’études et non pas des premiers travaux. Dit autrement, rien n’est encore définitif. Ce projet du Gouvernement, appuyé par le Conseil général peut être remis en cause. Ne serait-ce d’ailleurs que par le lauréat lui-même (coûts, faisabilité..).

Il n’est pas trop tard pour s’opposer à ce qui est toujours un projet.

 

– Détermination du type de fondations (et donc des coûts financiers et de l’impact écologique sous-marin) : « Ailes marines », se basant sur les études géologiques existantes, s’est engagé à réaliser des fondations de type « Jacket ». EDF, qui était son concurrent, plus prudent dans sa démarche, avait réalisé des études préalables montrant un sous-sol plus friable que prévu et a préconisé des fondations « monopieux » (plus coûteuses, plus massives, plus destructrices). La proposition d’EDF n’a pas été retenue. Le type des fondations préconisé a-t-il joué ? Toujours est-il que dans la période actuelle de « levée des risques », les études du sous-sol vont déterminer le type de fondations qui seront réellement installées.

 

– Impact visuel : De nombreux habitants ont pu douter de l’impact visuel des éoliennes. Depuis la semaine passée, chacun peut juger, de jour comme de nuit, de la visibilité d’une plateforme de 50 mètres située dans la zone éolienne. Or, ce sont 100 éoliennes de 170 mètres accompagnées d’une sous-centrale électrique qui sont prévues …. On ne voit pas par quel miracle elles seraient invisibles (la réglementation aérienne et maritime de toute façon obligent à une visibilité). Il suffit d’aller au Cap Fréhel et de regarder Saint Malo (21 km), le clocher qui n’est ni très élevé (72 mètres) ni très large se voit distinctement par temps normal. Ceux qui prétendent que les éoliennes ne se verront pas plus qu’une allumette au bout du bras méconnaissent la réalité ou prennent leurs désirs pour des réalités. Un tel discours est difficilement acceptable venant d’élus.

 

II. De l’emploi local : 140 emplois annoncés contre 21 réels dans une structure identique au Royaume Uni?

 

On a vu fleurir les jours derniers des interventions de maires des communes littorales avançant 140 emplois locaux pour la maintenance dont une trentaine de marins. « C’est 140 familles, plus les emplois indirects », disent certains … Si l’on regarde ce qui se passe au Royaume-Uni, à Thanet par exemple, site comparable de 100 éoliennes*, le nombre des emplois locaux de maintenance créés (personnes vivant sur place) est de 21. (source : Vattenfall exploitant du site de Thanet – RU).

 

Près de 7 emplois de maintenance locale créés en France pour 1 au Royaume-Uni?

 

Il semblerait que l’expérience de ce type de promesses, pourtant connues et maintes fois utilisées par des créateurs ou des repreneurs d’entreprises en difficulté, soucieux d’obtenir des autorisations et subventions, ne serve à rien. Le miroir aux alouettes relayé par les élus locaux continue à fonctionner.

 

Face à ces promesses, nous attendons d’Ailes Marines et de son futur sous-traitant un engagement contractuel précis d’embauches :

– Localement : nombre de bateaux, de marins embauchés à durée indéterminée pour la maintenance.

– Localement : nombre de techniciens locaux embauchés à durée indéterminée.

 

Dans la même veine, où en sommes-nous des 2000 emplois du Grand Ouest dont 1000 pour la Bretagne et dont plusieurs centaines à Brest… ? Force est de constater que le temps passant de nombreuses promesses ne pourront voir le jour car la création d’un outil industriel performant et pérenne nécessite, entre autre, beaucoup de temps et… d’argent. Les grands industriels éoliens européens sont aujourd’hui à la peine et doivent licencier du personnel (voir notre dernier document de synthèse août 2012).

 

 

Gardez les Caps continue à se battre pour que ces projets soient jugés à l’aune de leur profitabilité réelle qu’elle soit en terme énergétique, environnementale et économique, hors d’idéaux et d’intérêts politiques qui ne participent pas à des prises de décision objectives, efficaces et de long terme. Le développement durable doit être basé, comme son nom l’indique, sur des solutions d’avenir. L’éolien n’est pas une solution d’avenir et repose sur du vent.

 

(Vous pouvez vous reportez à notre dernier document de synthèse août 2012 disponible sur ce blog)

 

 

Gardez les Caps

 

 

* 100 éoliennes de 3MW un peu plus proches des côtes mais de technologie un peu plus ancienne que celles prévues en baie de Saint-Brieuc.

Aout 2012 – Ce qu’il faut savoir sur le projet de centrale éolienne en baie de Saint-Brieuc – partie 1

De l’énergie éolienne en général

IMPORTANT : aujourd’hui, l’électricité ne se stocke pas (sauf en très petite quantité).
Pour stocker l’équivalent d’une semaine de production d’électricité (à raison de 1,5 TWh par jour en gros), il faudrait fabriquer 7 tonnes de batteries plomb-acide par Français (une telle batterie stocke environ 30 Wh par kg de poids (JM Jancovici (1) : Combien d’éoliennes faudrait-il installer en France pour produire la totalité du courant consommé – Juin 2000 et MAJ Janvier 2012).

I.1- Des directives européennes à la création de centrales éoliennes en mer
NB : Nous utilisons le terme de « centrale » car il s’agit bien de centrales électriques, c’est-à-dire d’ensembles d’installations destinées à une production importante d’électricité. L’emploi, trompeur et abusif, des termes de « parc » ou de « ferme » vise à masquer une réalité industrielle sous un voile écologique.

I.1.1- Les énergies renouvelables (ENR) : les objectifs européens.
Les objectifs européens (2007) fixent qu’en 2020, 23% de la consommation totale d’énergie en France devraient être obtenus à partir de sources d’énergies renouvelables. Il est important de souligner que les instructions européennes concernent la consommation totale d’énergie (dont les applications liées au chauffage autre qu’électrique, au refroidissement et au transport etc…) et non pas la seule consommation d’électricité qui représente environ 24% de notre consommation totale d’énergie (source Service de l’observation et des statistiques : SOeS – Memo avril 2010).

Les sources d’énergies renouvelables (ENR) sont :
o La Biomasse : bois, bio carburant, bio gaz.
o L’hydraulique :

– Barrages (en eau douce ou en mer) : hydroélectrique, marémotrice (barrage de la Rance) qui représente aujourd’hui plus de 80% de la production électrique générée par les ENR en France.
– Mouvements de la mer et des courants : houlomotrice, hydroliennes (hélices sous-marines).

o Le vent : éolien (terrestre et offshore) qui représente 1,8%de la consommation électrique française (2010) et 10% environ de la production électrique totale générée par les ENR.
o Le Solaire.
o La Géothermie (chaleur de la terre, source eau chaude…).

I.1.2- L’application en France pour ce qui concerne l’électricité d’origine éolienne :
Dans ce contexte, la France a décidé la construction d’un parc éolien de 25.000 MW correspondant à une production d’environ 51.000 GWh par an (les éoliennes terrestres ne produisent en moyenne que 22% de leur puissance potentielle, les éoliennes offshore 26/28%), ce qui représenterait dans l’absolu à horizon 2020 environ 9 % de la production électrique Française estimée à 552.000 GWh (source Service de l’Observation et des Statistiques SOeS – Vision 2020-2010) et environ 2% de notre consommation totale d’énergie.

I.1.3- La part de l’éolien en mer a été fixée à 6.000 MW, soit une production de 14.200 GWh par an, représentant 2,6% de la consommation électrique totale (base estimation consommation d’électricité française en 2020) et un investissement direct estimé à 20 milliards d’euros (sachant que d’autres investissements sont induits voir § I.5).
Le financement (en France) de l’opérateur est assuré par un tarif d’achat fixe garanti par l’état pour une durée de 20 ans (durée de vie estimée d’une éolienne), répercuté sur la facture d’électricité du consommateur.
Notons que l’éolien offshore (construction, exploitation d’un site mais hors coûts induits) coûte environ 2 à 3 fois plus cher que le terrestre selon les sources (H. Flocard « Vent de mer, vent de terre » – Libération du 7 avril 2012 – etc..)
Cette fourchette de prix de revient, tend à démontrer (avec de nombreux autres éléments) que les décisions du Grenelle de l’environnement ont été prises sans que de solides informations concernant les coûts et les performances soient disponibles et/ou recherchées et/ou prises en compte. (2)

(1) J.M Jancovici : Ingénieur conseil spécialisé dans le domaine des énergies en général et le réchauffement climatique . Membre entre autre du comité stratégique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (anciennement Fondation Nicolas Hulot) et du Conseil Scientifique du Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie…etc.. Son site : www.manicore.com
(2) Les statistiques RTE concernant l’éolien terrestre ne sont disponibles que depuis 2010. Certains rapports réalisés à la demande de l’Ademe ou autre organisme décideur et que nous avons lus semblent, avec le recul, d’une grande « légèreté ».

I.2- Le vent, une source d’énergie instable, une production faible

I.2.1- Le vent une source instable et aléatoire, qui varie de jour en jour, d’heure en heure. A titre d’exemple l’étude durant 17 mois de la production de la centrale Eolienne Offshore de Robin Rigg en Ecosse (1) montre que l’efficacité du parc a été inférieure à 5% pendant 1/3 du temps avec de longs intervalles où elle était inférieure à 1% (jusqu’à 4 jours). Les fluctuations peuvent varier de 0 à 100 en 2 heures de temps.
Le vent cumule également le défaut de ne pas souffler en fonction de notre rythme de vie (la production nocturne n’a pas grande utilité) c’est la raison pour laquelle  les statistiques de production ne fournissent que des quantités dans l’absolu et non la quantité consommable et/ou consommée.


I.2.2- Une production faible
 : en moyenne annuelle environ 22% de la capacité installée pour l’éolien terrestre, de 26 à 28% pour l’offshore (1). Soit, pour 5MW installés une production annuelle réelle de 1,1MW (Terrestre) ou de 1,35MW (Offshore). Une éolienne ne délivre sa puissance maximale (dite encore puissance nominale) que dans une fourchette de vitesses de vent assez restreinte : faible, le vent n’entraîne pas les pales assez vite, trop fort, il faut réduire la vitesse de rotation (en faisant pivoter les pales) pour éviter des perturbations aérodynamiques.
Bizarrement, les chiffres annoncés par les promoteurs de l’éolien, relayés par la presse, prennent toujours en compte le potentiel installé, jamais la production réelle qui n’en représente au mieux que le quart.
Il est aisé de le vérifier. La production d’électricité éolienne française peut être suivie au jour le jour, et heure par heure, en se connectant sur le site web de RTE (Réseau de Transport Electrique) (2).
Par exemple, aujourd’hui 20/08/2012, date à laquelle nous mettons ce document à jour, la prévision de production éolienne française est en moyenne pour 24H de 7% du potentiel installé et de 5% seulement entre 8h et 21h.
Il convient d’ajouter que le vent souffle à peu près de la même façon dans toute l’Europe avec, certes, des variations mais les courbes de production sont les mêmes. Cette corrélation est, évidemment, encore plus sensible s’agissant de zones géographiques plus restreintes comme la Manche ou la Mer du Nord. Cela signifie que l’interconnexion Européenne (dit « foisonnement ») n’a pas grand sens en ce qui concerne l’éolien.

 

Production Eolienne Européenne du 1er Septembre 2010 au 28 mars 2011
(
Source : Sauvons le climat/Novembre 2011 sur données exploitants du réseau)

Total Puissance installée
65000 MW
 

Puissance injectée heure par heure sur le réseau par l’ensemble des éoliennes d’Europe entre le 1er septembre 2010 et le 28 mars 2011.

Le maximum de la puissance installée (6.500MW) n’est jamais atteint (le maximum se situe aux 2/3 environ), et le minimum s’établit à un peu moins de 4% de la puissance installée (en septembre).


(1)
Statistiques issues de l’étude sur 17 mois de la production du parc Robin Rigg (début de production en 2010 – 60 éoliennes) implanté dans l’estuaire de la Solway à la frontière de l’Ecosse et de l’Angleterre. Un site mieux venté que ceux où seront implantées les éoliennes offshore en France. Source Vent de Mer, Vent de Terre – Hubert Flocard – CNRS.
(2) www.rte-france.com – Portail client – rubrique producteur– Données – Prévisions de production éolienne : http://clients.rte-france.com/lang/fr/clients_producteurs/vie/previsions_eoliennes.jsp)

 

I.3- De l’éolien à la création de centrales thermiques de régulation.
Pour pallier les sautes du vent, il faut en relais d’autres sources d’approvisionnement. Dans les conditions techniques actuelles, les centrales thermiques (gaz ou charbon) avec l’hydraulique (barrages) (1) constituent les moyens les mieux adaptés car les plus souples d’utilisation. Nous allons donc devoir créer des centrales thermiques (polluantes et émettrices de gaz à effet de serre) pour compenser l’intermittence de l’approvisionnement par l’éolien. L’UFE (Union Française de l’Electricité) estime, dans son étude Electricité 2030, qu’il faudra créer entre 40 et 60 usines thermiques (dans un scénario où la France garde au moins 50% d’approvisionnement électrique d’origine nucléaire, ce qui semble être le seuil plancher (www.ufe-electicite.fr  – Rapport Electricité 2030).
La France n’ayant ni charbon, ni gaz, nous importerons, comme les autres pays européens soumis aux directives de l’Union européenne, du gaz en provenance majoritairement de Russie (la production norvégienne commençant à décliner). Soulignons que l’utilisation du gaz nécessite la mise en place d’infrastructures d’approvisionnement qui ne permettent pas de changer facilement de fournisseur et que les prix sont très volatiles.

I.4- Une énergie qui coûte cher : nos très chères éoliennes

Le patron de GDF Suez  (1er opérateur éolien de France avec 1.000MW installés, 1er opérateur en Belgique, en Italie, second en Allemagne) met en garde contre l’éolien  (9 juin 2011).

Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, a mis en garde mardi à Montréal contre la séduction excessive qu’exercent sur l’opinion publique les énergies renouvelables ….en soulignant notamment le prix élevé de l’éolien.
« Ce sont des énergies intermittentes qui nécessiteront de grandes capacités de réserve, qui reposeront sur le gaz naturel en raison de la facilité d’utilisation des turbines à gaz », a-t-il assuré au Forum économique international des Amériques.
Gérard Mestrallet a illustré son propos par l’exemple d’une île ayant besoin de 1.000 mégawatts pour ses habitants et ses industries : « L’île veut être verte. Donc, elle construit 1.000 mégawatts d’éoliennes. C’est très bien, surtout quand il y a du vent, c’est à dire 30 % du temps. Mais comme les consommateurs veulent de l’électricité tout le temps, il faut construire à côté de ces éoliennes 1.000 mégawatts de turbines à gaz qu’on peut mettre en route comme des mobylettes quand il n’y a pas de vent et les éteindre quand il y a du vent. »
Résultat des courses, selon le patron du géant énergétique : «On paiera trois fois. D’abord, parce qu’il faut construire deux systèmes, 2.000 mégawatts, alors que l’île n’a besoin que de 1.000. Deuxièmement il faudra subventionner les éoliennes Et troisièmement, les turbines à gaz vont fonctionner seulement 70 % du temps, donc le coût en capital du mégawatt/heure sera augmenté à due concurrence. »
Conclusion : « Je pense qu’il faut bien réfléchir avant de vouloir s’engager trop massivement dans des productions intermittentes de renouvelables. »

Outre le coût des éoliennes et des centrales  thermiques associées, l’éolien implique des investissements lourds dans la refonte des réseaux électriques, leurs connections… Le réseau électrique peine, en effet, à intégrer la production instable des éoliennes (intermittence, équilibrage de l’offre à la demande) ce qui nécessite une mise à niveau des circuits d’acheminement. (Voir détail Rapport UFE : Electricité 2030 notamment coûts et Rapports RTE 2010 et 2011).
En global, l’UFE  estime, d’ici 2030, les investissements nécessaires entre 322 et 434 Milliards d’Euros selon les scénaris. L’UFE est le seul organisme qui, à notre connaissance, a essayé de chiffrer le coût global de l’éolien en prenant en compte l’ensemble des éléments dont les impacts sur la balance  commerciale Française, le coût des bons CO2 etc…
Notons, également, que l’éolien ne représente qu’une petite partie des investissements prévus et/ou induits par le Grenelle de l’environnement.

 

I.5- Le prix à payer :
Les conditions  que  le gouvernement s’est déclaré être prêt à accepter pour le prix d’1MWh (premier appel d’offres) placent le coût de l’éolien offshore bien au-delà du tarif officiel actuel. On peut estimer que la fourchette s’est établie entre 175€ et 200 €/MWh soit un prix 4 à 5 fois supérieur à celui de la production actuelle d’électricité par EDF (essentiellement nucléaire et barrages hydrauliques) et au moins deux fois plus élevé que pour l’éolien terrestre (2).
(1) L’hydraulique (barrages) est déjà bien développé en France. Il sera difficile d’étendre ses capacités.
(2) H. Flocard – CNRS « Vent de mer, vent de terre ».

Un tel coût a déjà été anticipé par la Commission de la Régulation de l’Energie (CRE) qui évalue l’alourdissement de la facture aux consommateurs à 3 milliards d’Euros (2 milliards éolien en mer + 1 Milliard éolien  terrestre) en 2020.

L’UFE estime que pour ramener la production nucléaire à 50% de notre consommation, il faudrait environ 9000 éoliennes terrestres, 2800 éoliennes en mer et  40 usines thermiques soit un investissement de 382 Milliards d’Euros pour un prix de l’électricité au consommateur final en augmentation de + 50% pour le particulier et + 65% pour les industriels. Notons que nous gardons, pour cette somme, 50% de nucléaire.

L’autre prix à payer va être la défiguration de nos paysages et de nos côtes.

A terre : La loi de programme du 13 juillet 2005,  fixant les orientations de la politique énergétique française (dite loi POPE),  introduit les « zones de développement de l’éolien » (Z.D.E.) en complément des Schémas régionaux éoliens (SRE). Si cette loi a, au moins, le mérite de limiter l’anarchie des implantations (1) et de veiller au respect de certaines règles, elle n’en est pas moins un  dispositif de soutien au développement de l’éolien.
Elle doit permettre l’installation d’au minimum 500 éoliennes par an jusqu’en 2020 soit 9000 éoliennes. Aujourd’hui leur nombre est de 3700 environ.

En mer :
4 projets d’implantations ont été retenus sur les 5 proposés lors du 1er appel d’offres (2), ce qui représente 1.928MW, 1/3 des objectifs. Le 2ème appel d’offres, à venir, devrait concerner environ 8 sites ou extensions de sites pour 4072 MW à attribuer soit environ 800 éoliennes à venir.

La France étant une grande démocratie, une chose est certaine il y aura des éoliennes pour tout le monde (enfin, pour tous ceux qui n’auront pas le pouvoir de s’y opposer).

 

1.6 Le démantèlement et les friches industrielles : des éoliennes durables
Le démantèlement est aussi un sujet préoccupant. Son coût équivaut au coût d’implantation. Qu’adviendra-t-il lorsque la technologie sera dépassée et/ou lorsque l’Etat décidera de supprimer son soutien à l’achat d’électricité produite? (L’Allemagne, comme le Royaume-Uni, s’acheminent vers la réduction des subventions).
On sait que les industriels (a fortiori lorsqu’ils sont en difficulté) ne réhabilitent pas leurs sites industriels abandonnés. En exemple, ces éoliennes rouillées, délaissées qui bordent les falaises d’Espagne et de Grèce.

 

1.7 Les promesses d’emplois
Des chiffres ont parcouru la presse : la création d’une filière française de l’éolien en mer représenterait de 7.500 à 10.000 emplois (selon EDF ou le Ministère de l’Industrie – Les Echos du 17.04.2012).
Ces annonces laissent dubitatifs. Elles relèvent, malheureusement, plus  souvent des fantasmes du monde politique, des élus locaux que de la réalité industrielle.
On y amalgame allègrement les emplois temporaires, liés à l’installation, aux emplois pérennes. On additionne les emplois que chaque maire, chaque région, espère ravir au voisin… Aucune précision sur la nature des postes (main d’œuvre, techniciens, ingénieurs …), ni leur durée. Les emplois se créent à la volée.
La réalité est que la France arrive bien tard pour développer une technologie déjà maîtrisée par de grands intervenants européens (Danois, Allemands, Espagnols..) bien implantés au niveau international et qui possèdent toutes les infrastructures, et le personnel  compétent nécessaires à la production.

En 2011, les parts de marché mondiales des principaux fabricants d’éoliennes ( selon Make Consulting) étaient les suivantes : le Danois Vestas avec 12%; le Chinois Sinovel avec 11%; l’Américain GE Wind avec 10%, le Chinois Goldwind avec 10%; l’Allemand Enercon avec 7% ; l’Espagnol Gamesa avec 7%.

(1) Jusqu’alors, les parcs éoliens de puissance inférieure à 12 MW (mégawatt) pouvaient bénéficier du système d’obligation d’achat de l’électricité ainsi produite, selon un tarif défini au niveau national. A partir du 13 juillet 2007, seule l’électricité produite par des éoliennes installées dans des Z.D.E. pourront bénéficier de ce tarif. Hors de ces zones, les projets éoliens dont les caractéristiques les soumettent à des autorisations d’urbanisme, les communes et établissements de coopération intercommunale limitrophes du périmètre de ces projets font l’objet d’une consultation pour avis dans le cadre de la procédure d’instruction de la demande d’urbanisme concernée (art 90 de la Loi Grenelle II).
(2) Ces 4 projets (Fécamp, Courseulles-sur-Mer, baie de Saint-Brieuc, Saint-Nazaire)  sont tous situés dans la partie Nord-ouest du littoral. Aucun en Méditerranée où le vent est plus important mais les fonds marins plus profonds.

D’autant que la situation économique actuelle n’incite pas aux surcoûts. Certains groupes, dont Vestas (Danemark) leader mondial, peinent à trouver des débouchés et à amortir leurs investissements (voir également résultats Eole Res en page 9).

Source Reuters 22 août 2012.Le leader mondial Vestas a annoncé mercredi devoir « intensifier » ses efforts pour s’adapter à une conjoncture difficile l’an prochain, et prévoir ainsi « le licenciement de 1.400 employés supplémentaires ».

Une 4ème vague de licenciement :
En janvier, le groupe danois avait déjà annoncé la suppression de 2.335 postes… Et il pourrait ne pas s’arrêter là. Le groupe a confirmé mercredi qu’il pourrait encore supprimer 1.600 emplois supplémentaires aux Etats-Unis, si le système de crédit d’impôts actuellement en cours n’était pas prolongé au-delà de 2012. Vestas avait déjà supprimé 3.000 postes en octobre 2010, et 1.900 en avril 2009.

Une vive concurrence chinoise : Vestas est confronté à une vive concurrence d’acteurs chinois, comme Sinovel ou Xinjiang Goldwind Science & Technology, mais aussi de groupes européens comme l’allemand Nordex, sur des marchés européen et américain affectés par les baisses de subventions publiques. Le marché chinois, en forte croissance, reste lui relativement fermé.

Du reste, les entreprises  françaises impliquées dans l’éolien en mer ont toutes passé des accords avec des groupes européens et/ou ont déjà des filiales en Europe consacrées à l’ingénierie,  la fabrication, la réalisation de ce type de projets industriels.
Les investissements sont lourds et longs à mettre en place pour le seul marché français.
Certains pourraient arguer que nous participerons ainsi à la création ou au maintien d’emplois en Europe. Certes. Si nous nous réjouissons pour nos partenaires et amis européens, le citoyen qui dort en nous accepte difficilement que ces mêmes investissements, que nous allons financer, participent également  à plomber l’industrie française qui va subir à terme une augmentation conséquente (63% ?) de son électricité (elle n’en a pas besoin) ainsi qu’au déficit de notre balance des paiements.
Nous n’aurons même plus nos paysages pour nous consoler.

Conclusion sur l’énergie éolienne

L’électricité d’origine éolienne produite à l’échelon industriel est une énergie peu productive, peu rentable et au final polluante que ce soit en terme paysager ou de CO2 émis par les centrales thermiques associées. Sa mise en œuvre nécessite des investissements et un système de subventions  très lourds qui vont  se traduire par une augmentation importante des tarifs d’électricité pour le consommateur et l’industrie.

On peut considérer que la charge des coûts induits importe peu si elle peut  nous permettre un approvisionnement énergétique non polluant et nous « libérer » du nucléaire. Mais force est de constater que ce n’est absolument, et malheureusement, pas le cas avec l’éolien.

Il est évident que la masse financière que représente le programme d’installations d’éoliennes, dont les éoliennes en mer, intéresse fortement de nombreuses sociétés d’ingénierie et des grands groupes industriels internationaux. On peut les comprendre. Les milliards d’euros en jeu valent bien une messe aux louanges de l’éolien et une communication importante sur ses bienfaits. Mais compte tenu des finances publiques qui ne sont pas (et risquent de l’être encore moins) illimitées et du rapport coût / efficacité de l’éolien, il semble totalement déraisonnable d’investir aussi lourdement dans des projets qui, non seulement, n’apporteront pas de solution mais risquent de retarder ou d’obérer la mise en œuvre de moyens et de techniques plus efficaces tant en terme d’énergie que d’emplois.

L’argent investi dans l’éolien industriel manquera à la géothermie, l’habitat bioclimatique, le solaire thermique, l’exploitation de la biomasse, la pompe à chaleur, le photovoltaïque, l’hydrolien… et à la sécurisation du nucléaire qui, de toute façon, demeurera important.

 

« Faut-il passer des années à se focaliser sur 0,6% de notre consommation énergétique totale (chiffre 2010) quand, dans le même temps, un programme un peu sérieux d’économies d’énergie – comme par exemple l’isolation des logements existants, qui ne demanderait pas plus d’argent public – pourrait facilement faire baisser la consommation d’énergie de 10%, c’est à dire 20 fois plus ?

L’engouement auquel nous assistons actuellement pour l’éolien n’est donc pas fondé par des ordres de grandeur en rapport avec le problème : économiser l’énergie de manière massive est bien plus urgent que de planter des éoliennes en faisant croire que ca sera un déterminant significatif de la solution. Il s’agit, comme souvent hélas, de la conséquence logique d’un débat médiatique qui a beaucoup de mal avec les ordres de grandeur. »

Si la première priorité pour l’avenir est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, il y a bien plus efficace à faire que de mettre des éoliennes partout. La Suisse, qui n’a quasiment pas d’éoliennes, a des émissions directes par habitant deux fois moindres que celles du Danemark (qui fait partie des premiers pollueurs par habitant en Europe question gaz à effet de serre), et une fois et demi moindre que les nôtres, et pourtant il y fait froid l’hiver (30% de la consommation d’énergie en France est liée au « confort sanitaire », chauffage pour l’essentiel et eau chaude). L’Allemagne, qui vient juste après le Danemark (pour la production éolienne) a aussi des émissions de gaz à effet de serre par habitant bien au-dessus de la moyenne européenne.

Plus généralement, si notre première priorité est de minimiser notre impact sur l’environnement, penser qu’il suffit de mettre des éoliennes partout pour y parvenir est hélas un rêve. Il nous faudra pour cela renoncer à la poursuite de la croissance en volume. Dans quelle mesure les éoliennes ne sont-elles pas « aimées » parce que bien des gens y voient une alternative aux économies d’énergie, pensant que quelques éoliennes suffiront à nous éviter de changer quoi que ce soit à notre consommation d’énergie actuelle ?

Si la première priorité est de nous mettre dans un monde avec « juste des renouvelables », il est incontournable de diminuer au préalable notre consommation d’énergie d’un facteur trois à quatre : aucune solution à base de renouvelables n’est dans les bons ordres de grandeur pour nous permettre un approvisionnement à notre niveau actuel, et il s’en faut de beaucoup.

Et enfin, toutes les renouvelables ne sont pas égales ! Mettre sur un pied d’égalité la biomasse, les carburants d’origine agricole, l’éolien, le solaire, la géothermie et l’énergie hydroélectrique est ignorer que chaque forme a ses avantages et ses inconvénients, et que toutes sont très loin d’avoir le même potentiel. Au niveau actuel de consommation d’énergie que nous avons, miser beaucoup d’argent et de discours sur l’éolien servira juste à nous précipiter un peu plus vite vers les ennuis, parce, hélas pour nous, le monde est fini et donc le temps pour mettre en œuvre les « vraies » solutions aussi !

(1) J.M Jancovici : Ingénieur conseil spécialisé dans  le domaine des énergies en général et le réchauffement climatique . Membre entre autre du comité stratégique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (anciennement Fondation Nicolas Hulot) et du Conseil Scientifique du Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie…etc.. Son site : www.manicore.com

Lire la partie 2

De l’énergie éolienne en général
IMPORTANT : aujourd’hui, l’électricité ne se stocke pas (sauf en très petite quantité).
Pour stocker l’équivalent d’une semaine de production d’électricité (à raison de 1,5 TWh par jour en gros), il faudrait fabriquer 7 tonnes de batteries plomb-acide par Français (une telle batterie stocke environ 30 Wh par kg de poids (JM Jancovici (1) : Combien d’éoliennes faudrait-il installer en France pour produire la totalité du courant consommé – Juin 2000 et MAJ Janvier 2012).

I.1- Des directives européennes à la création de centrales éoliennes en mer
NB : Nous utilisons le terme de « centrale » car il s’agit bien de centrales électriques, c’est-à-dire d’ensembles d’installations destinées à une production importante d’électricité. L’emploi, trompeur et abusif, des termes de « parc » ou de « ferme » vise à masquer une réalité industrielle sous un voile écologique.

I.1.1- Les énergies renouvelables (ENR) : les objectifs européens.
Les objectifs européens (2007) fixent qu’en 2020, 23% de la consommation totale d’énergie en France devraient être obtenus à partir de sources d’énergies renouvelables. Il est important de souligner que les instructions européennes concernent la consommation totale d’énergie (dont les applications liées au chauffage autre qu’électrique, au refroidissement et au transport etc…) et non pas la seule consommation d’électricité qui représente environ 24% de notre consommation totale d’énergie (source Service de l’observation et des statistiques : SOeS – Memo avril 2010).

Les sources d’énergies renouvelables (ENR) sont :
o La Biomasse : bois, bio carburant, bio gaz.
o L’hydraulique :

Barrages (en eau douce ou en mer) : hydroélectrique, marémotrice (barrage de la Rance) qui représente aujourd’hui plus de 80% de la production électrique générée par les ENR en France.
Mouvements de la mer et des courants : houlomotrice, hydroliennes (hélices sous-marines).

o Le vent : éolien (terrestre et offshore) qui représente 1,8%de la consommation électrique française (2010) et 10% environ de la production électrique totale générée par les ENR.
o Le Solaire.
o La Géothermie (chaleur de la terre, source eau chaude…).

I.1.2- L’application en France pour ce qui concerne l’électricité d’origine éolienne :
Dans ce contexte, la France a décidé la construction d’un parc éolien de 25.000 MW correspondant à une production d’environ 51.000 GWh par an (les éoliennes terrestres ne produisent en moyenne que 22% de leur puissance potentielle, les éoliennes offshore 26/28%), ce qui représenterait dans l’absolu à horizon 2020 environ 9 % de la production électrique Française estimée à 552.000 GWh (source Service de l’Observation et des Statistiques SOeS – Vision 2020-2010) et environ 2% de notre consommation totale d’énergie.

I.1.3- La part de l’éolien en mer a été fixée à 6.000 MW, soit une production de 14.200 GWh par an, représentant 2,6% de la consommation électrique totale (base estimation consommation d’électricité française en 2020) et un investissement direct estimé à 20 milliards d’euros (sachant que d’autres investissements sont induits voir § I.5).
Le financement (en France) de l’opérateur est assuré par un tarif d’achat fixe garanti par l’état pour une durée de 20 ans (durée de vie estimée d’une éolienne), répercuté sur la facture d’électricité du consommateur.
Notons que l’éolien offshore (construction, exploitation d’un site mais hors coûts induits) coûte environ 2 à 3 fois plus cher que le terrestre selon les sources (H. Flocard « Vent de mer, vent de terre » – Libération du 7 avril 2012 – etc..)
Cette fourchette de prix de revient, tend à démontrer (avec de nombreux autres éléments) que les décisions du Grenelle de l’environnement ont été prises sans que de solides informations concernant les coûts et les performances soient disponibles et/ou recherchées et/ou prises en compte. (2)

(1) J.M Jancovici : Ingénieur conseil spécialisé dans le domaine des énergies en général et le réchauffement climatique . Membre entre autre du comité stratégique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (anciennement Fondation Nicolas Hulot) et du Conseil Scientifique du Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie…etc.. Son site : www.manicore.com
(2) Les statistiques RTE concernant l’éolien terrestre ne sont disponibles que depuis 2010. Certains rapports réalisés à la demande de l’Ademe ou autre organisme décideur et que nous avons lus semblent, avec le recul, d’une grande « légèreté ».

I.2- Le vent, une source d’énergie instable, une production faible  

I.2.1- Le vent une source instable et aléatoire, qui varie de jour en jour, d’heure en heure. A titre d’exemple l’étude durant 17 mois de la production de la centrale Eolienne Offshore de Robin Rigg en Ecosse (1) montre que l’efficacité du parc a été inférieure à 5% pendant 1/3 du temps avec de longs intervalles où elle était inférieure à 1% (jusqu’à 4 jours). Les fluctuations peuvent varier de 0 à 100 en 2 heures de temps.
Le vent cumule également le défaut de ne pas souffler en fonction de notre rythme de vie (la production nocturne n’a pas grande utilité) c’est la raison pour laquelle  les statistiques de production ne fournissent que des quantités dans l’absolu et non la quantité consommable et/ou consommée.


I.2.2- Une production faible
 : en moyenne annuelle environ 22% de la capacité installée pour l’éolien terrestre, de 26 à 28% pour l’offshore (1). Soit, pour 5MW installés une production annuelle réelle de 1,1MW (Terrestre) ou de 1,35MW (Offshore). Une éolienne ne délivre sa puissance maximale (dite encore puissance nominale) que dans une fourchette de vitesses de vent assez restreinte : faible, le vent n’entraîne pas les pales assez vite, trop fort, il faut réduire la vitesse de rotation (en faisant pivoter les pales) pour éviter des perturbations aérodynamiques.
Bizarrement, les chiffres annoncés par les promoteurs de l’éolien, relayés par la presse, prennent toujours en compte le potentiel installé, jamais la production réelle qui n’en représente au mieux que le quart.
Il est aisé de le vérifier. La production d’électricité éolienne française peut être suivie au jour le jour, et heure par heure, en se connectant sur le site web de RTE (Réseau de Transport Electrique) (2).
Par exemple, aujourd’hui 20/08/2012, date à laquelle nous mettons ce document à jour, la prévision de production éolienne française est en moyenne pour 24H de 7% du potentiel installé et de 5% seulement entre 8h et 21h.
Il convient d’ajouter que le vent souffle à peu près de la même façon dans toute l’Europe avec, certes, des variations mais les courbes de production sont les mêmes. Cette corrélation est, évidemment, encore plus sensible s’agissant de zones géographiques plus restreintes comme la Manche ou la Mer du Nord. Cela signifie que l’interconnexion Européenne (dit « foisonnement ») n’a pas grand sens en ce qui concerne l’éolien.

 

Production Eolienne Européenne du 1er Septembre 2010 au 28 mars 2011
(
Source : Sauvons le climat/Novembre 2011 sur données exploitants du réseau)

puissance-installeeTotal Puissance installée
65000 MW
 

Puissance injectée heure par heure sur le réseau par l’ensemble des éoliennes d’Europe entre le 1er septembre 2010 et le 28 mars 2011.

Le maximum de la puissance installée (6.500MW) n’est jamais atteint (le maximum se situe aux 2/3 environ), et le minimum s’établit à un peu moins de 4% de la puissance installée (en septembre).

 
(1)
Statistiques issues de l’étude sur 17 mois de la production du parc Robin Rigg (début de production en 2010 – 60 éoliennes) implanté dans l’estuaire de la Solway à la frontière de l’Ecosse et de l’Angleterre. Un site mieux venté que ceux où seront implantées les éoliennes offshore en France. Source Vent de Mer, Vent de Terre – Hubert Flocard – CNRS.
(2) www.rte-france.com – Portail client – rubrique producteur– Données – Prévisions de production éolienne : http://clients.rte-france.com/lang/fr/clients_producteurs/vie/previsions_eoliennes.jsp)

 

I.3- De l’éolien à la création de centrales thermiques de régulation.
Pour pallier les sautes du vent, il faut en relais d’autres sources d’approvisionnement. Dans les conditions techniques actuelles, les centrales thermiques (gaz ou charbon) avec l’hydraulique (barrages) (1) constituent les moyens les mieux adaptés car les plus souples d’utilisation. Nous allons donc devoir créer des centrales thermiques (polluantes et émettrices de gaz à effet de serre) pour compenser l’intermittence de l’approvisionnement par l’éolien. L’UFE (Union Française de l’Electricité) estime, dans son étude Electricité 2030, qu’il faudra créer entre 40 et 60 usines thermiques (dans un scénario où la France garde au moins 50% d’approvisionnement électrique d’origine nucléaire, ce qui semble être le seuil plancher (www.ufe-electicite.fr  – Rapport Electricité 2030).
La France n’ayant ni charbon, ni gaz, nous importerons, comme les autres pays européens soumis aux directives de l’Union européenne, du gaz en provenance majoritairement de Russie (la production norvégienne commençant à décliner). Soulignons que l’utilisation du gaz nécessite la mise en place d’infrastructures d’approvisionnement qui ne permettent pas de changer facilement de fournisseur et que les prix sont très volatiles.

I.4- Une énergie qui coûte cher : nos très chères éoliennes

Le patron de GDF Suez  (1er opérateur éolien de France avec 1.000MW installés, 1er opérateur en Belgique, en Italie, second en Allemagne) met en garde contre l’éolien  (9 juin 2011).

Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez, a mis en garde mardi à Montréal contre la séduction excessive qu’exercent sur l’opinion publique les énergies renouvelables ….en soulignant notamment le prix élevé de l’éolien.
« Ce sont des énergies intermittentes qui nécessiteront de grandes capacités de réserve, qui reposeront sur le gaz naturel en raison de la facilité d’utilisation des turbines à gaz », a-t-il assuré au Forum économique international des Amériques.
Gérard Mestrallet a illustré son propos par l’exemple d’une île ayant besoin de 1.000 mégawatts pour ses habitants et ses industries : « L’île veut être verte. Donc, elle construit 1.000 mégawatts d’éoliennes. C’est très bien, surtout quand il y a du vent, c’est à dire 30 % du temps. Mais comme les consommateurs veulent de l’électricité tout le temps, il faut construire à côté de ces éoliennes 1.000 mégawatts de turbines à gaz qu’on peut mettre en route comme des mobylettes quand il n’y a pas de vent et les éteindre quand il y a du vent. »
Résultat des courses, selon le patron du géant énergétique : «On paiera trois fois. D’abord, parce qu’il faut construire deux systèmes, 2.000 mégawatts, alors que l’île n’a besoin que de 1.000. Deuxièmement il faudra subventionner les éoliennes Et troisièmement, les turbines à gaz vont fonctionner seulement 70 % du temps, donc le coût en capital du mégawatt/heure sera augmenté à due concurrence. »
Conclusion : « Je pense qu’il faut bien réfléchir avant de vouloir s’engager trop massivement dans des productions intermittentes de renouvelables. »

Outre le coût des éoliennes et des centrales  thermiques associées, l’éolien implique des investissements lourds dans la refonte des réseaux électriques, leurs connections… Le réseau électrique peine, en effet, à intégrer la production instable des éoliennes (intermittence, équilibrage de l’offre à la demande) ce qui nécessite une mise à niveau des circuits d’acheminement. (Voir détail Rapport UFE : Electricité 2030 notamment coûts et Rapports RTE 2010 et 2011).
En global, l’UFE  estime, d’ici 2030, les investissements nécessaires entre 322 et 434 Milliards d’Euros selon les scénaris. L’UFE est le seul organisme qui, à notre connaissance, a essayé de chiffrer le coût global de l’éolien en prenant en compte l’ensemble des éléments dont les impacts sur la balance  commerciale Française, le coût des bons CO2 etc…
Notons, également, que l’éolien ne représente qu’une petite partie des investissements prévus et/ou induits par le Grenelle de l’environnement.

 

I.5- Le prix à payer :
Les conditions  que  le gouvernement s’est déclaré être prêt à accepter pour le prix d’1MWh (premier appel d’offres) placent le coût de l’éolien offshore bien au-delà du tarif officiel actuel. On peut estimer que la fourchette s’est établie entre 175€ et 200 €/MWh soit un prix 4 à 5 fois supérieur à celui de la production actuelle d’électricité par EDF (essentiellement nucléaire et barrages hydrauliques) et au moins deux fois plus élevé que pour l’éolien terrestre (2).

(1) L’hydraulique (barrages) est déjà bien développé en France. Il sera difficile d’étendre ses capacités.
(2) H. Flocard – CNRS « Vent de mer, vent de terre ».

Un tel coût a déjà été anticipé par la Commission de la Régulation de l’Energie (CRE) qui évalue l’alourdissement de la facture aux consommateurs à 3 milliards d’Euros (2 milliards éolien en mer + 1 Milliard éolien  terrestre) en 2020.

 L’UFE estime que pour ramener la production nucléaire à 50% de notre consommation, il faudrait environ 9000 éoliennes terrestres, 2800 éoliennes en mer et  40 usines thermiques soit un investissement de 382 Milliards d’Euros pour un prix de l’électricité au consommateur final en augmentation de + 50% pour le particulier et + 65% pour les industriels. Notons que nous gardons, pour cette somme, 50% de nucléaire.

L’autre prix à payer va être la défiguration de nos paysages et de nos côtes.

A terre : La loi de programme du 13 juillet 2005,  fixant les orientations de la politique énergétique française (dite loi POPE),  introduit les « zones de développement de l’éolien » (Z.D.E.) en complément des Schémas régionaux éoliens (SRE). Si cette loi a, au moins, le mérite de limiter l’anarchie des implantations (1) et de veiller au respect de certaines règles, elle n’en est pas moins un  dispositif de soutien au développement de l’éolien.
Elle doit permettre l’installation d’au minimum 500 éoliennes par an jusqu’en 2020 soit 9000 éoliennes. Aujourd’hui leur nombre est de 3700 environ.

En mer :
4 projets d’implantations ont été retenus sur les 5 proposés lors du 1er appel d’offres (2), ce qui représente 1.928MW, 1/3 des objectifs. Le 2ème appel d’offres, à venir, devrait concerner environ 8 sites ou extensions de sites pour 4072 MW à attribuer soit environ 800 éoliennes à venir.

 La France étant une grande démocratie, une chose est certaine il y aura des éoliennes pour tout le monde (enfin, pour tous ceux qui n’auront pas le pouvoir de s’y opposer).

 

1.6 Le démantèlement et les friches industrielles : des éoliennes durables
Le démantèlement est aussi un sujet préoccupant. Son coût équivaut au coût d’implantation. Qu’adviendra-t-il lorsque la technologie sera dépassée et/ou lorsque l’Etat décidera de supprimer son soutien à l’achat d’électricité produite? (L’Allemagne, comme le Royaume-Uni, s’acheminent vers la réduction des subventions).
On sait que les industriels (a fortiori lorsqu’ils sont en difficulté) ne réhabilitent pas leurs sites industriels abandonnés. En exemple, ces éoliennes rouillées, délaissées qui bordent les falaises d’Espagne et de Grèce.

 

1.7 Les promesses d’emplois 
Des chiffres ont parcouru la presse : la création d’une filière française de l’éolien en mer représenterait de 7.500 à 10.000 emplois (selon EDF ou le Ministère de l’Industrie – Les Echos du 17.04.2012).
Ces annonces laissent dubitatifs. Elles relèvent, malheureusement, plus  souvent des fantasmes du monde politique, des élus locaux que de la réalité industrielle.
On y amalgame allègrement les emplois temporaires, liés à l’installation, aux emplois pérennes. On additionne les emplois que chaque maire, chaque région, espère ravir au voisin… Aucune précision sur la nature des postes (main d’œuvre, techniciens, ingénieurs …), ni leur durée. Les emplois se créent à la volée.
La réalité est que la France arrive bien tard pour développer une technologie déjà maîtrisée par de grands intervenants européens (Danois, Allemands, Espagnols..) bien implantés au niveau international et qui possèdent toutes les infrastructures, et le personnel  compétent nécessaires à la production.

En 2011, les parts de marché mondiales des principaux fabricants d’éoliennes ( selon Make Consulting) étaient les suivantes : le Danois Vestas avec 12%; le Chinois Sinovel avec 11%; l’Américain GE Wind avec 10%, le Chinois Goldwind avec 10%; l’Allemand Enercon avec 7% ; l’Espagnol Gamesa avec 7%.


(1) Jusqu’alors, les parcs éoliens de puissance inférieure à 12 MW (mégawatt) pouvaient bénéficier du système d’obligation d’achat de l’électricité ainsi produite, selon un tarif défini au niveau national. A partir du 13 juillet 2007, seule l’électricité produite par des éoliennes installées dans des Z.D.E. pourront bénéficier de ce tarif. Hors de ces zones, les projets éoliens dont les caractéristiques les soumettent à des autorisations d’urbanisme, les communes et établissements de coopération intercommunale limitrophes du périmètre de ces projets font l’objet d’une consultation pour avis dans le cadre de la procédure d’instruction de la demande d’urbanisme concernée (art 90 de la Loi Grenelle II).
(2) Ces 4 projets (Fécamp, Courseulles-sur-Mer, baie de Saint-Brieuc, Saint-Nazaire)  sont tous situés dans la partie Nord-ouest du littoral. Aucun en Méditerranée où le vent est plus important mais les fonds marins plus profonds.

D’autant que la situation économique actuelle n’incite pas aux surcoûts. Certains groupes, dont Vestas (Danemark) leader mondial, peinent à trouver des débouchés et à amortir leurs investissements (voir également résultats Eole Res en page 9).

Source Reuters 22 août 2012.Le leader mondial Vestas a annoncé mercredi devoir « intensifier » ses efforts pour s’adapter à une conjoncture difficile l’an prochain, et prévoir ainsi « le licenciement de 1.400 employés supplémentaires ».

Une 4ème vague de licenciement :
En janvier, le groupe danois avait déjà annoncé la suppression de 2.335 postes… Et il pourrait ne pas s’arrêter là. Le groupe a confirmé mercredi qu’il pourrait encore supprimer 1.600 emplois supplémentaires aux Etats-Unis, si le système de crédit d’impôts actuellement en cours n’était pas prolongé au-delà de 2012. Vestas avait déjà supprimé 3.000 postes en octobre 2010, et 1.900 en avril 2009.

Une vive concurrence chinoise : Vestas est confronté à une vive concurrence d’acteurs chinois, comme Sinovel ou Xinjiang Goldwind Science & Technology, mais aussi de groupes européens comme l’allemand Nordex, sur des marchés européen et américain affectés par les baisses de subventions publiques. Le marché chinois, en forte croissance, reste lui relativement fermé.


Du reste, les entreprises  françaises impliquées dans l’éolien en mer ont toutes passé des accords avec des groupes européens et/ou ont déjà des filiales en Europe consacrées à l’ingénierie,  la fabrication, la réalisation de ce type de projets industriels.
Les investissements sont lourds et longs à mettre en place pour le seul marché français.
Certains pourraient arguer que nous participerons ainsi à la création ou au maintien d’emplois en Europe. Certes. Si nous nous réjouissons pour nos partenaires et amis européens, le citoyen qui dort en nous accepte difficilement que ces mêmes investissements, que nous allons financer, participent également  à plomber l’industrie française qui va subir à terme une augmentation conséquente (63% ?) de son électricité (elle n’en a pas besoin) ainsi qu’au déficit de notre balance des paiements.
Nous n’aurons même plus nos paysages pour nous consoler.

Conclusion sur l’énergie éolienne


L’électricité d’origine éolienne produite à l’échelon industriel est une énergie peu productive, peu rentable et au final polluante que ce soit en terme paysager ou de CO2 émis par les centrales thermiques associées. Sa mise en œuvre nécessite des investissements et un système de subventions  très lourds qui vont  se traduire par une augmentation importante des tarifs d’électricité pour le consommateur et l’industrie.

On peut considérer que la charge des coûts induits importe peu si elle peut  nous permettre un approvisionnement énergétique non polluant et nous « libérer » du nucléaire. Mais force est de constater que ce n’est absolument, et malheureusement, pas le cas avec l’éolien.

Il est évident que la masse financière que représente le programme d’installations d’éoliennes, dont les éoliennes en mer, intéresse fortement de nombreuses sociétés d’ingénierie et des grands groupes industriels internationaux. On peut les comprendre. Les milliards d’euros en jeu valent bien une messe aux louanges de l’éolien et une communication importante sur ses bienfaits. Mais compte tenu des finances publiques qui ne sont pas (et risquent de l’être encore moins) illimitées et du rapport coût / efficacité de l’éolien, il semble totalement déraisonnable d’investir aussi lourdement dans des projets qui, non seulement, n’apporteront pas de solution mais risquent de retarder ou d’obérer la mise en œuvre de moyens et de techniques plus efficaces tant en terme d’énergie que d’emplois.

L’argent investi dans l’éolien industriel manquera à la géothermie, l’habitat bioclimatique, le solaire thermique, l’exploitation de la biomasse, la pompe à chaleur, le photovoltaïque, l’hydrolien… et à la sécurisation du nucléaire qui, de toute façon, demeurera important.

 

« Faut-il passer des années à se focaliser sur 0,6% de notre consommation énergétique totale (chiffre 2010) quand, dans le même temps, un programme un peu sérieux d’économies d’énergie – comme par exemple l’isolation des logements existants, qui ne demanderait pas plus d’argent public – pourrait facilement faire baisser la consommation d’énergie de 10%, c’est à dire 20 fois plus ?

L’engouement auquel nous assistons actuellement pour l’éolien n’est donc pas fondé par des ordres de grandeur en rapport avec le problème : économiser l’énergie de manière massive est bien plus urgent que de planter des éoliennes en faisant croire que ca sera un déterminant significatif de la solution. Il s’agit, comme souvent hélas, de la conséquence logique d’un débat médiatique qui a beaucoup de mal avec les ordres de grandeur. »

Si la première priorité pour l’avenir est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre,
il y a bien plus efficace à faire que de mettre des éoliennes partout. La Suisse, qui n’a quasiment pas d’éoliennes, a des émissions directes par habitant deux fois moindres que celles du Danemark (qui fait partie des premiers pollueurs par habitant en Europe question gaz à effet de serre), et une fois et demi moindre que les nôtres, et pourtant il y fait froid l’hiver (30% de la consommation d’énergie en France est liée au « confort sanitaire », chauffage pour l’essentiel et eau chaude). L’Allemagne, qui vient juste après le Danemark (pour la production éolienne) a aussi des émissions de gaz à effet de serre par habitant bien au-dessus de la moyenne européenne.

Plus généralement, si notre première priorité est de minimiser notre impact sur l’environnement, penser qu’il suffit de mettre des éoliennes partout pour y parvenir est hélas un rêve. Il nous faudra pour cela renoncer à la poursuite de la croissance en volume. Dans quelle mesure les éoliennes ne sont-elles pas « aimées » parce que bien des gens y voient une alternative aux économies d’énergie, pensant que quelques éoliennes suffiront à nous éviter de changer quoi que ce soit à notre consommation d’énergie actuelle ?

Si la première priorité est de nous mettre dans un monde avec « juste des renouvelables », il est incontournable de diminuer au préalable notre consommation d’énergie d’un facteur trois à quatre : aucune solution à base de renouvelables n’est dans les bons ordres de grandeur pour nous permettre un approvisionnement à notre niveau actuel, et il s’en faut de beaucoup.

Et enfin, toutes les renouvelables ne sont pas égales ! Mettre sur un pied d’égalité la biomasse, les carburants d’origine agricole, l’éolien, le solaire, la géothermie et l’énergie hydroélectrique est ignorer que chaque forme a ses avantages et ses inconvénients, et que toutes sont très loin d’avoir le même potentiel. Au niveau actuel de consommation d’énergie que nous avons, miser beaucoup d’argent et de discours sur l’éolien servira juste à nous précipiter un peu plus vite vers les ennuis, parce, hélas pour nous, le monde est fini et donc le temps pour mettre en œuvre les « vraies » solutions aussi !

(1) J.M Jancovici : Ingénieur conseil spécialisé dans  le domaine des énergies en général et le réchauffement climatique . Membre entre autre du comité stratégique de la Fondation pour la Nature et l’Homme (anciennement Fondation Nicolas Hulot) et du Conseil Scientifique du Service de l’Observation et des Statistiques du Ministère de l’Ecologie…etc.. Son site : www.manicore.com

 

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