Eolien St-Brieuc. Les journalistes du Télégramme ne manquent pas de souffle

Pourtant Ailes Marines a du vague à l’âme

Après Ouest-France voici le Télégramme qui met en scène Ailes Marines-Iberdrola, promoteur de 62 éoliennes industrielles en plein dans les zones de pêche de la baie de Saint-Brieuc, avec deux articles qui hélas vont contribuer à désinformer les lecteurs plutôt que de leur permettre de construire leur propre opinion.

https://www.letelegramme.fr/france/eolien-en-mer-en-france-on-essuie-les-platres-18-11-2018-12136030.php PDF  Le Télégramme 18 nov 2018
https://www.letelegramme.fr/monde/eolien-en-mer-le-souffle-allemand-18-11-2018-12136028.php.
PDF  Le Télégramme 2 18 nov 2018

Inventaire rapide des 2 articles

LT « En 2017, l’éolien en mer représentait 2,7 % de la production d’électricité en Allemagne. L’augmentation des parcs en mer prévus jusqu’en 2030 permettra de produire l’équivalent en électricité de douze centrales nucléaires »

Le journaliste du Télégramme doit être fâché avec les chiffres ! Rappelons qu’en moyenne une éolienne terrestre fonctionne 21% du temps, une éolienne en mer 30%. Et quand il n’y a pas de vent, c’est 0%. Alors pour prendre le TGV de 9h13 à Saint-Brieuc pour Brest avec de l’électricité éolienne ce ne sera pas possible. Avec de l’électricité nucléaire vous serez au rendez-vous !

Quant aux ordres de grandeur, il faudrait couvrir la mer du Nord et la mer Baltique d’environ 25 800 éoliennes supplémentaires si l’on reprend les calculs de Libération !!! https://www.liberation.fr/checknews/2018/06/07/est-il-vrai-qu-il-faudrait-7000-eoliennes-pour-remplacer-fessenheim_1656464

LT « Avec 40 % d’électricité produite par les énergies renouvelables, l’Allemagne … »

NON, l’Allemagne compte 29 000 éoliennes terrestres et 1169 éoliennes en mer raccordées (5355 MW) pour 16% de la production électrique allemande en 2017 https://bazonline.ch/ausland/europa/abbruchstimmung-in-deutschland/story/18862585

LT « Sept. C’est le nombre d’années qu’il aura fallu à la société espagnole Iberdrola … »

Et pourquoi ?! Parce qu’à la différence de l’Allemagne, les projets français ont été lancés dans la précipitation, sans choix de sites issus d’études préalables. Résultat, des promoteurs présentant des projets mal ficelés (exemple, on croit trouver des sous-sols en grès mais on tombe sur du granite bien dur …), et des promoteurs juges et partie évaluant eux-mêmes l’impact de leurs projets ! En Allemagne, les pouvoirs publics prennent en charge les études d’impact AVANT l’appel d’offres (site, environnement, fonds marins, vitesse des vents, etc.). C’est désormais le cas en France comme le souligne d’ailleurs Emmanuel Rollin « la mise en place des permis enveloppe va permettre d’améliorer les choses. »https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/eolien-en-mer#e2

LT « des implantations qui, dans la majorité des cas, ont rencontré peu d’oppositions »
LT « à quelques dizaines de kilomètres des côtes »

Nous vous laissons juge, voici les distances d’implantation des 17 parcs éoliens allemands auxquels fait référence le journaliste du Télégramme classés selon l’année de mise en service.

La distance moyenne à la côte est de … 61 km !!!

Le projet d’Ailes Marines en baie de Saint-Brieuc, c’est 500 MW à 16 km des caps de Fréhel et d’Erquy en plein dans la zone de pêche artisanale !!! A 61 km, c’est certain, le projet aurait « rencontré peu d’oppositions » !!!

  1. Alpha Ventus, 2010, 60 MW, à 56 km
  2. Bard Offshore 1, 2013, 400 MW, à 100 km
  3. Riffgat, 2014, 113 MW, à 42 km
  4. Meerwind, 2014, 288 MW, à 53 km
  5. Baltic 2, 2015, 288 MW, à 32 km
  6. Butendiek, 2015, 288 MW, à 35 km
  7. Amrumbank West, 2015, 302 MW, 40 km
  8. Trianel Borkum, 2015, 200 MW, à 45 km
  9. Nordsee Ost, 2015, 295 MW, à 55 km
  10. Borkum Riffgrund 1, 2015, 312 MW, à 55 km
  11. DanTysk, 2015, 288 MW, à 70 km
  12. Global Tech I, 2015, 400 MW, à 110 km
  13. Gode Wind 1 et 2, 2016, 582 MW, à 42 km
  14. Nordsee One, 2017, 332 MW, à 40 km
  15. Sandbank, 2017, 288 MW, à 90 km
  16. Veja Mate, 2017, 402 MW, à 95 km
  17. Wikinger, 2018, 350 MW, à 75 km

https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_offshore_wind_farms_in_Germany

LT « En Allemagne, on ne fait plus attention aux éoliennes »
LT « à l’exception d’associations environnementalistes comme la Nabu »

La NABU est la plus ancienne et la plus importante organisation de défense de l’environnement en Allemagne (700 000 adhérents). Créée en 1899 en tant que « Ligue pour la protection des oiseaux », l’équivalent de la RSPB britannique, créée en 1889.
https://www.nabu.de/

Saint-Brieuc, a son grand frère : Butendiek !

La Nabu s’est battue pendant des années contre Butendiek, dénonçant le détournement des dispositions relatives à la protection des espèces et du territoire pour autoriser le parc éolien. Les exigences de la directive « Oiseaux » de l’UE et de la directive « Habitats de la flore de la faune » (directive FFH) n’ont pas été suffisamment prises en compte dans les décisions d’autorisation. (idem pour Dan Tysk, Amrumbank West, Borkum Riffgrund II)  https://www.nabu.de/natur-und-landschaft/meere/offshore-windparks/16540.html

Le bruit de la construction de Butendiek a chassé les marsouins de leur zone protégée
https://www.nabu.de/natur-und-landschaft/meere/offshore-windparks/butendiek/16939.html

Butendiek a des effets dramatiques sur les oiseaux de mer : dommages massifs à la réserve ornithologique. https://www.nabu.de/natur-und-landschaft/meere/offshore-windparks/butendiek/23109.html

Ailes Marines « nous avons déjà investi 80 millions d’euros »

‍Tiens tiens, en infraction aux lois françaises, Ailes Marines n’avait jamais publié ses comptes jusqu’en mars 2018 où est apparue subitement une perte de 42 millions d’euros en 2016. 80 millions en 2018 ?