Nettoyer les rivages et la mer

La collecte des déchets en mer sera testée à Erquy, cet été

Lu dans Côtes d’Armor magazine page 14, article de Stéphanie Stoll
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©E BREZHONEG 2La mer, hélas, ne recèle pas seulement une biodiversité exceptionnelle. Décennie après décennie, s’y accumulent des déchets. Face à ce problème, des habitants les ramassent sur le littoral et cet été, à Erquy, on testera leur collecte en mer.

Des morceaux de plastique. Des bouts de filets de pêche. Des mégots. Des bouteilles écrasées. Des chaussures sur lesquelles se fixent des pouce-pied (1). Trop souvent, le littoral est souillé de ces objets. Il faut attendre deux ans pour dégrader un filtre de cigarette; 50 ans pour un emballage de polystyrène; 200 ans pour des boîtes en aluminium ou des piles ; 400 ans pour des couche-culotte ou des bouteilles de plastique et 600 ans pour des filets de pêche en nylon.

288 millions de tonnes de plastique produites en 2012

Selon Surfrider Foundation, la production mondiale de plastique est passée de 1,5 tonne par an en 1950 à 288 millions de tonnes en 2012. Selon cette même organisation, entre 2 et 5 % du plastique fabriqué en 2010 a fini dans les océans. « Quand on traverse le rail des cargos, on voit beaucoup d’objets, même des réfrigérateurs ! raconte Vincent Biarnès, skipper de Saint-Brieuc. Il faut rester vigilant car on peut casser le bateau. En Manche, on a beaucoup de courant, les déchets partent vite ailleurs, vers l’Angleterre ou au large. En Atlantique, il y a moins de courant, donc davantage de déchets. Et c’est pire encore en Méditerranée. »

Du plastique dans les nids d’oiseaux des Sept-Iles

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Le guillemot de Troïl, pris dans un filet de pêche, est mort.

On estime que 80 % des déchets marins proviennent de la terre. Souvent, les municipalités, les associations, les écoles, les clubs de sport et même des commerçants organisent des collectes de déchets sur le littoral. Fin mai, à Louannec, on a chargé trente sacs-poubelles en une matinée; d’autres ont été remplis à Erquy ou à Saint-Cast-le-Guildo début juin. Cependant, ces détritus ne finissent généralement pas dans une poubelle.

« À la réserve naturelle des Sept-Îles(2), les fous de Bassan(3) et les cormorans huppés (4) utilisent des morceaux de filets pour fabriquer leurs nids, observe Gilles Bentz, responsable de la station de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de l’Ile- Grande. Certains restent prisonniers des filets et meurent. »

En juillet à Erquy, se déroulera une démonstration pour ramasser des déchets avec des bateaux de pêche au moyen d’un chalut ad hoc. Les détritus seront aussitôt transférés dans un camion-benne et conduits au centre de tri de Ploufragan.

Cette expérimentation a déjà été conduite en France par Waste free oceans, une organisation non-gouvernementale de Bruxelles, liée aux industries plastiques. Six navires d’Honfleur, Ciboure, Capbreton et Saint-Mandrier ont ramené 2084 kg de déchets en 62 jours de sortie au total; un tiers était composé d’emballages plastiques, 23 % des filets de pêche et 19 % de bouteilles.

« Les petits ruisseaux vont à la rivière et les rivières vont à la mer, commente Alain Coudray, président du comité des pêches des Côtes-d’Armor. L’eau charrie des déchets, des microbes, des pesticides (7)… La pollution terrestre met en danger la pêche. La qualité de l’eau, c’est important ! »

Stéphanie Stoll

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