Eoliennes en mer : Grosse Inquiétude pour le spot de surf du Cap Fréhel

Près de 300 surfeurs gravitent autour du spot du cap Fréhel : « Un paysage fabuleux, une vague magnifique et un club qui marche ». Outre la pollution inévitable de l’écosystème marin, l’usine de 62 éoliennes et 215m de haut envisagée sur 8 000 hectares de la baie, fait redouter une modification du déferlement des vagues, avec des conséquence économiques négatives sur la fréquentation du site.

Article du Penthièvre, édition du 9 octobre 2014, Interview de Maël Soulaine, fondateur de Malicorne Surf Association

Malicorne Surf - Maël Soulaine

Depuis le début du projet, Maêl Soulaine, fondateur du club de surf Malicorne, s’est investi dans tous les débats. Inquiet pour son spot de surf, mais aussi pour l’impact environnemental des éoliennes offshore.

C’est un endroit prisé des surfeurs, « l’une des meilleures vagues de Bretagne, quand les conditions sont réunies », pour Maël Soulaine. Le spot des Grèves-d’en-bas à Plévenon, en contrebas du Cap Fréhel pourrait bientôt voir arriver au large les 62 éoliennes offshore du projet d’Ailes Marines. Impensable pour le surfeur. « Dès le départ, on s’est inquiété de l’impact des infrastructures sur la houle, et sur l’effet récif. C’est impossible de savoir ce que ça va donner, si le déferlement des vagues sera toujours d’aussi bonne qualité. Il est très dur de prouver que les fondations d’éoliennes ne vont pas impacter la houle. »

Etude d’impact – Ces doutes, il les a exposé plusieurs fois aux initiateurs du projet.  » J’ai demandé lors des débats publics et jusqu’ici, je n’ai pas eu de réponse. On nous a longtemps ignorés pendant ces réunions. Mais, je dois rencontrer Ailes Marines dans le courant du mois, pour qu’ils me présentent leur étude d’impact concernant la houle. » Maël Soulaine espère que cette étude répondra à ses questions, mais il prévient :  » quoiqu’il en ressorte, je ne cautionnerai pas ce projet. Les gens pensent que nous, les surfeurs, ne pensont qu’à notre vague, mais concernant les éoliennes, il y a bien plus que ça. »

« L’équilibre naturel en danger » – L’ancien étudiant en gestion de l’environnement, aujourd’hui, moniteur de surf dans le club qu’il a fondé en 2009, maîtrise son sujet. Il s’est longuement documenté sur les éoliennes offshore, et s’inquiète aussi pour la faune marine, et plus globalement pour l’environnement.  » Avec les éoliennes, fini les marsoins qu’on peut croiser l’été. Beaucoup d’espèces d’oiseaux au large pourraient aussi disparaître. L’équilibre naturel est en danger. Et je pense aux touristes du cap Fréhel : ils viennent pour le côté sauvage et préservé, pas pour voir 62 poteaux qui clignotent. » La modification du paysage avec les mats de 215m de haut au large, ne passe pas pour cet amoureux de l’océan qui surfe depuis l’âge de 13 ans.  » Pour moi, c’est une colonisation industrielle du large, où l’empreinte de l’homme était absente. La mer est le dernier endroit préservé. »

Les vagues du cap Fréhel attirent des riders confirmés, dont des compétiteurs de haut niveau, mais certains endroits, comme les Grèves-d’en-bas, ne sont pas conseillés pour les novices sans encadrement. Près de 300 surfeurs gravitent autour de ce spot. Combien resteront si le projet éolien voit le jour ? En tout cas, Maël Soulaine est catégorique :  » On a un paysage fabuleux, une vague magnifique, et un club qui marche. En plus, je ne pense pas que ces éoliennes soient rentables. Mais s’ils finissent par mettre le parc éolien en place, je partirai m’installer ailleurs.  »

Manuella Binet