Rejet d’eau à 50°et 100 dB(A) : Pêche artisanale, le grand sacrifice

« Les promoteurs n’ont aucun scrupule. Ils vont s’enrichir grâce à vos factures d’électricité, et pendant ce temps, les pêcheurs vont perdre 20 % de leur chiffre d’affaires. C’est la mort d’un port de pêche et de son tourisme. »

Chalutier au Tréport. ©Stephane Bouilland

Dieppe–Le Tréport : 62 machines de 216 mètres de haut à 15 km de la côte sur 110 km². Devant l’opposition des pêcheurs, le promoteur Engie a tenté des concessions pour minimiser l’impact sur la pêche locale. « Nous restons toujours dans la zone prévue dans le cahier des charges, mais nous changeons la disposition des éoliennes et des câbles de façon à accorder plus d’espace pour la pêche » (…) « Cela nous coûte cher à la fois en termes de construction et en termes de revenus, mais on pense que cela est justifié pour faciliter la cohabitation avec les pêcheurs ».

Réaction d’Olivier Becquet, responsable de la Coopérative de pêche du Tréport et représentant des pêcheurs en Haute-Normandie : « Onze ans de combat, et je réexprime encore la position des pêcheurs. Ce parc va être établi dans une zone exceptionnelle en termes d’effectifs de pêcheurs, de qualité de la pêche et des entreprises de pêche. Nous, on embauche ! Les promoteurs n’ont aucun scrupule. Ils vont s’enrichir grâce à vos factures d’électricité, et pendant ce temps, les pêcheurs vont perdre 20 % de leur chiffre d’affaires. C’est la mort d’un port de pêche et de son tourisme. »
Source : http://www.courrier-picard.fr/region/eolien-en-mer-les-opposants-obtiennent-des-concessions-ia176b0n867887

Des impacts négatifs sur la pêche reconnus en baie de Somme et pas d’impact sur la pêche en baie de Saint-Brieuc ?

Les deux halles à marées d’Erquy et de Saint-Quay-Portrieux, classent la baie de Saint-Brieuc au 3ème rang des ventes en valeur (annuelles) en France :
(Source : France Agrimer, Données de ventes déclarées en halles à marée en 2015)

  1. Le Guilvinec : 71 883 k€
  2. Lorient : 63 274 k€
  3. Erquy et Saint-Quay-Portrieux : 60 024 k€
  4. Boulogne : 42 638 k€

La pêche emblématique de la baie de Saint-Brieuc est la coquille Saint-Jacques, donnée en exemple de pêcherie gérée durablement, mise en avant dans toutes les communications touristiques, pêche qui a construit la notoriété nationale de la région de Saint-Brieuc.

En baie de Saint-Brieuc, 670 emplois directs pour la pêche à la coquille Saint-Jacques

Campagne 2015-2016
5 990 tonnes de coquilles Saint-Jacques
13 millions d’euros de chiffres d’affaire
217 bateaux et 450 emplois embarqués
70 emplois dans les deux criées
12 ateliers d’expédition et de transformation soit 150 emplois directs
Source http://www.cad22.com/armorstat/Filieres-economiques/Filiere-Coquille-Saint-Jacques-Cotes-Armor.pdf

Imposé par l’Etat entre les deux gisements classés de coquilles Saint-Jacques de la baie, le projet éolien de l’Etat porté par Ailes Marines s’inscrit en totale contradiction avec les politiques d’aménagement et de développement menées pendant des dizaines d’années en baie de Saint-Brieuc. Ces gisements sont les plus productifs de France et constituent les plus grands gisements naturels européens. Le projet de l’Etat est même situé en partie sur le gisement « du large ». Si ce projet se réalise, l’impact économique sera désastreux pour la région de Saint-Brieuc.

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Que dit l’Ifremer ?

« On constate que pour quinze années (sur seize), la zone du voisinage est au moins légèrement voire nettement plus riche en coquilles Saint-Jacques que la totalité de la baie. En effet, plusieurs éléments indiquent que le barycentre du gisement coquillier de Saint-Brieuc se déplace progressivement vers l’Est vraisemblablement sous l’effet de l’expansion de la crépidule notamment dans la partie Ouest-Nord-Ouest de la baie en raison d’une configuration courantologique favorable pour cette espèce. Dans le même sens, il serait vraisemblable que la zone « éoliennes » bénéficie également de cette tendance d’enrichissement progressif en coquilles Saint-Jacques. »   Ifremer Brest-Lorient, p16 Etude coquilles Saint-Jacques campagne 2014 4-2-a-1-8-_4_-_stb-dev-r-ifr-1110_rev_0_rapport_coquilles_saint-jacques_campagne_2014

Ailes Marines n’a pas trouvé de coquilles Saint-Jacques

Campagne 2012, Evaluation des populations de bivalves / 3. Données générales de la campagne de prélèvement, p29 « Pour cette espèce, la taille commerciale, mesurée dans la longueur, n’est pas comparable aux mesures de hauteur relevées sur le terrain. Il est donc impossible de connaître les effectifs d’individus de taille commerciale. De plus, les effectifs récoltés (10 individus) sont insuffisants pour établir une structure en taille. Pour cette espèce, seule la répartition spatiale des individus, toutes classes de taille confondues, est présentée.

Les faibles effectifs prélevés ne permettent pas de dégager une quelconque tendance quant à la répartition géographique des densités de coquilles Saint-Jacques. L’espèce est présente sur seulement 8 stations d’échantillonnage. »

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L’eau à 50° rejetée en continu par la sous-station électrique entraînera une augmentation de la température de l’eau de 0,3°.

L’atteinte environnementale sera tragique compte-tenu des nuisances associées à l’implantation et au fonctionnement d’une usine éolienne de production d’électricité en mer. L’abondante littérature d’Ailes Marines est à ce sujet édifiante : forage/battage/bétonnage des fonds marins, rejets turbides, pollutions accidentelles, trafic des navires de servitude, pollution sonore, destruction d’habitats, relargage continu de métaux toxiques, relargage continu de 200 m3 d’eau à 50 degrés par heure.

Document d’incidence Natura 2000 page 371
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100 dB(A) annoncés en phase d’exploitation

A cela s’ajoutera le vacarme de la sous-station électrique : « Un niveau d’émission sonore de 90 à 100 dB(A), mesuré à la source, est attendu à pleine production du parc.» (page 58, Document d’incidence Natura 2000).

Auquel il faudra ajouter le bruit du générateur de la nacelle ainsi que le bruit des vibrations induites par les pâles. « La puissance nominale est atteinte pour une vitesse de vent de 43 km/h : à cette vitesse, les pâles tournent à 8,5 tours par minute, soit une vitesse de 288 km/h en bout de pale. » (page 46, Document d’incidence Natura 2000).

Ce vacarme multi-sources se propagera dans l’eau sous-marine à grande distance, massacrant à grande échelle les mollusques bivalves et l’acquafaune de la baie de Saint-Brieuc.echelle-ademe