RTE : Des statistiques qui dérangent, analyse de la production électrique de la Bretagne pour août 2014 à partir des données RTE

Données « eCO2mix/RTE », Analyse de l’association Sauvons le Climat

RESUME

1. En Bretagne, l’efficacité moyenne de la production éolienne a été de 12,6 % au mois d’août. Plusieurs fois dans le mois, la production a été quasi-nulle. Elle a été nulle le 24 du mois à 7h00 (un dimanche).

2. Pour 7 des 8 premiers mois de l’année, la Bretagne a été moins efficace pour produire de l’énergie électrique éolienne (20,76%), que la France dans son ensemble (23,4%), et que les trois autres régions choisies pour comparaison (Languedoc-Roussillon, Centre, Nord Pas-de-Calais).

3. Pour les 8 premiers mois de l’année, la consommation électrique bretonne a été systématiquement inférieure à celle de 2013. (-8,3% en moyenne).

4. La gestion de la stabilité du réseau électrique requiert de disposer de réserves contrôlables à la baisse pour réagir quand le vent se met à souffler alors qu’il n’y a pas de besoin d’électricité.

Fig.1 Production éolienne de la Bretagne en Août 2014, Puissance en MW

Production éolienne de la Bretagne, août2014

En nous basant sur les données des 31 mars et 30 juin 2014 des deux derniers « Tableaux de bord éolien et photovoltaïque » publiés par le ministère nous avons estimé la puissance éolienne régionale installée à 806 MW (année 2013, 756 MW). La puissance moyenne livrée au réseau sur le mois d’août a été de 101,6 MW (année 2013, 81MW) soit une efficacité moyenne de 12,6 % (année 2013, 10,7 %). Le maximum de production a été de 618 MW (année 2013, 596 MW) pour une efficacité 76,7 % (année 2013, 78,8 %) le 10 du mois à 8h30 (un dimanche). Plusieurs fois dans le mois, la production a été quasi-nulle. Elle a été nulle le 24 du mois à 7h00 (un dimanche). Bien que partiellement masqué par la faible production, on observe encore le rythme journalier typique de la saison chaude avec une remontée de production vespérale (19h-20h).

Fig.2 Comparaison des efficacités éoliennes moyennes mensuelles de la Bretagne, de la France continentale et de trois régions françaises pour les huit premiers mois 2014.

Efficacité éolienne 8mois2014

Pour le calcul de ces efficacités moyennes, on utilise des puissances installées extraites des « Tableaux de bord éolien et photovoltaïque » publiés chaque trimestre par le ministère (dernière parution 30 juin 2014). Les valeurs mensuelles sont obtenues par interpolation pour la période du 31 décembre 2013 au 30 juin 2014, et par extrapolation linéaire pour les mois de juillet et août 2014. De façon un peu surprenante, compte tenu des fortes ambitions éoliennes affichées par la région, pour sept des huit premiers mois de 2014, la Bretagne a été moins efficace pour produire de l’énergie électrique éolienne que la France dans son ensemble. Un MW éolien implanté en Bretagne a été moins productif (moyenne de 20,76 % pour huit mois) qu’un MW de l’ensemble du parc de la France continentale (moyenne de 23,4 % pour huit mois).

Notons que les données 2013 montraient déjà un déficit d’efficacité éolienne de la Bretagne par rapport à la France dans son ensemble. Du point de vue éolien, sur les huit premiers mois de 2014, les trois autres régions choisies pour comparaison ont aussi des performances moyennes supérieures (Languedoc-Roussillon 30,3 %, Centre 24,8 %, Nord Pas-de-Calais 24,7 %).

Fig.3 Bretagne, Comparaison des puissances (GW) moyennes mensuelles consommées pour les huit premiers mois des années 2013 et 2014.

Bretagne, consommation 2013-2014jpg

Pour chaque mois la consommation bretonne 2014 a été systématiquement inférieure à celle de 2013. Les huit premiers mois de 2013, la région a consommé une moyenne de 2,64 GW. La valeur correspondante pour 2014 est de 220 MW inférieure (2,42 GW).

Fig.4 Comparaison des puissances (MW) éolienne bretonne (courbe rouge et échelle de droite) et nucléaire de Basse-Normandie (courbe bleue et échelle de gauche) sur la période du samedi 9 août au lundi 18 août inclus. Cette période couvre les deux week-ends du 9-10 et 16-17 août.

Puissance éolienne bretonne et nucléaire de Basse-Normandie

On observe que compte tenu de la faible consommation du weekend et de l’augmentation brusque de la production éolienne (cette augmentation n’a pas concerné que la Bretagne mais tout le nord de la France et de l’Europe) RTE a demandé à la centrale de Flamanville de baisser rapidement sa production puis de la reprendre une fois le weekend terminé. Cette figure met en évidence que, si l’intermittence de l’éolien requiert des réserves de production pour compenser la faiblesse du vent lors des vagues de froid anticyclonique hivernales, elle requiert aussi de disposer de réserves contrôlables à la baisse pour réagir quand le vent se met à souffler alors qu’il n’y a pas de besoin d’électricité.

Ainsi, l’arrivée prochaine le long de la Manche de plusieurs GW de parcs offshore en France et à l’étranger, parcs dont la production sera quasi-synchrone, va rendre plus difficile la gestion de la stabilité du réseau en période estivale.